Schizophrènes, autistes, dyslexiques ou hyperactifs, le nombre d'élèves en difficulté explose dans les cégeps.

Les cas de troubles d'apprentissage, de déficits de l'attention ou de problèmes de santé mentale ont bondi de 1150%. On recensait 183 cégépiens en 2005, il y en avait 2143 en 2009.

C'est ce que révèle le document Éthique pour une égalité des chances, une recherche sur les élèves qui ont des besoins particuliers, réalisée par la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et que La Presse a obtenue.

Les enseignants se sentent particulièrement impuissants quand ils ont affaire à un étudiant dépressif, bipolaire ou souffrant d'un quelconque problème de santé mentale. Ils manquent de formation pour réagir adéquatement.

«Plusieurs enseignants se sentent démunis devant des situations difficiles, comme lorsqu'ils sont en présence d'étudiants souffrant d'un trouble de santé mentale. Il est important que les enseignants, répondants de première ligne, soient mieux outillés», peut-on lire dans la recherche d'une centaine de pages.

Étant donné l'arrivée massive d'élèves en difficulté dans les cégeps, la FECQ a voulu avoir un portrait de la situation. C'est la raison pour laquelle elle a commandé cette étude.

De 2005 à 2009, les élèves avec des besoins particuliers sont passés de 1260 à près de 5000 dans le réseau collégial. C'est un bond de 281%.

La clientèle de cégépiens présentant un déficit visuel, auditif ou moteur est demeurée relativement stable au fil des ans. L'augmentation est plutôt due à la présence des élèves avec des troubles d'apprentissage, des problèmes de santé mentale ou un déficit d'attention qui, elle, a décuplé pendant la même période.

Des services inadéquats

Le problème, note la FECQ, c'est que les services sont souvent inadéquats ou méconnus et ils sont également loin d'être uniformes au Québec.

Seulement un élève sur dix aurait recours aux services dont il a besoin. Pourtant, un élève en difficulté, qui a accès aux services adéquats, réussit aussi bien, sinon davantage que la moyenne des collégiens, souligne la recherche.

Certains établissements d'enseignement qui ont été les premiers à travailler auprès d'élèves avec des besoins particuliers s'en sortent mieux. C'est le cas du cégep du Vieux Montréal et du collège Dawson, ainsi que du cégep de Sainte-Foy, à Québec.

«Dans le reste du réseau, c'est très disparate. Une de nos préoccupations est de nous assurer qu'il y ait des services de qualité sur l'ensemble du territoire», explique le président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin.

Huit recommandations

Pour corriger le tir, la Fédération soumet huit recommandations destinées au ministère de l'Éducation et à la Fédération des cégeps.

Il faut faciliter le passage du secondaire vers le collégial. La FECQ suggère aux commissions scolaires de demander l'autorisation aux élèves de faire suivre leur dossier au collégial. De cette façon, l'élève qui a des besoins particuliers sera connu et aura accès à des services dès son entrée au cégep.

De même, un plan d'intervention adapté à chacun doit être fait, comme c'est le cas au primaire ou au secondaire, croit la FECQ.

Permettre par exemple à un élève dyslexique d'utiliser un ordinateur ou certains logiciels suffit parfois à améliorer ses chances de réussite.

Une deuxième phase de la recherche paraîtra l'hiver prochain. Elle abordera la question du financement et de l'accès aux services de diagnostic.