Date de naissance

Le fils de Mélanie Paré est né en février 2009. Inscrite sur la liste d'attente centralisée depuis sa grossesse, elle n'a reçu aucun appel. En septembre, moment choisi par la plupart des services de garde pour former leurs groupes, son fils n'avait que 6 mois. L'année suivante, à presque 18 mois, il était considéré comme trop vieux pour être admis à la pouponnière. C'est lorsqu'elle a rencontré la mère d'une fillette de 1 an, au parc de son quartier, que Mme Paré a compris. «Elle a eu une place parce que l'âge de sa fille devait mieux convenir aux groupes.»

Allergies

Kim Dufour a une fille qui souffre d'allergies graves qui peuvent même causer un choc anaphylactique. Elle a tout de même réussi à trouver une place à 7$ en milieu familial. Elle fournissait les repas, les collations, le lait et même la vaisselle de sa fille. Deux semaines après son retour au travail, la fillette a fait une allergie. «L'éducatrice a eu peur, elle avait six enfants à garder et m'a dit qu'elle ne pouvait plus s'occuper de ma fille.» Mme Dufour a communiqué avec le bureau coordonnateur pour chercher de l'aide. Les rares milieux familiaux qui l'ont appelée ne voulaient pas d'une enfant allergique. Les CPE n'ont jamais rappelé. Maintenant âgée de quatre ans et demi, la fille de Mme Dufour fréquente une garderie privée qui coûte 30$ par jour, en plus d'un supplément pour enfant «à besoins particuliers».

Absent au moment de l'appel

En rentrant de ses courses, Cristelle Lamothe a vu sur l'afficheur qu'un CPE avait téléphoné. Elle a rappelé aussitôt. «On m'a dit que la place était donnée à la première personne qui répondait!», lance Mme Lamothe. Elle n'a jamais eu d'autre appel pour son fils, maintenant âgé de 3 ans. Il entrera tout de même au CPE à l'automne... grâce à sa jeune soeur de 19 mois, qui a obtenu une place en raison de sa date de naissance, croit Mme Lamothe. «La date de l'anniversaire de tous les enfants était affichée au mur. Ils sont tous nés en mars, sauf ma fille et un autre enfant, tous les deux en décembre. C'est plus facile pour changer les groupes, m'a-t-on dit.»

Handicap

Quand le CPE de sa municipalité a annoncé la construction de nouvelles installations, Véronique Frigon a tout de suite appelé pour montrer son intérêt. Mère de jumeaux qui ont un retard de langage, elle sait que les enfants handicapés ont priorité. Sans rien lui promettre, l'interlocutrice lui a dit de ne pas s'inquiéter. Mme Frigon a téléphoné chaque mois, mais l'ouverture était sans cesse retardée. Puis un jour, on lui a dit qu'il était trop tard, que les groupes étaient formés. Elle s'est présentée au CPE avec ses enfants. «Les responsables étaient visiblement mal à l'aise et n'ont jamais pu me confirmer que, au moins, les places avaient été données à d'autres enfants handicapés.»

Réservé aux entreprises, pas aux résidants

Dans le secteur où habite Marie-France Blais, le très familial quartier Angus, à Rosemont, il y a trois CPE à distance de marche. L'un est réservé en priorité aux employés de la Ville de Montréal, tandis que les deux autres sont destinés aux enfants d'employés et d'étudiants du Technopôle Angus. «Pour quelle raison favorise-t-on ces personnes? Nous habitons ici, nous sommes à côté et nous n'avons pas priorité!» Mme Blais s'est tout de même inscrite sur la liste d'attente, mais on ne l'a jamais appelée. En attendant, c'est grand-maman qui garde.