La directive gouvernementale interdisant toute forme d'initiation à la pratique religieuse à la garderie entre en vigueur, ce mercredi, malgré les recours judiciaires entrepris par certains groupes religieux.

La ministre de la Famille, Yolande James, a dit mercredi qu'il n'était pas question de faire marche arrière dans ce dossier, quelle que soit la démarche judiciaire amorcée par des groupes juifs et catholiques, qui estiment leurs droits lésés.

«Le processus suit son cours. La directive - on maintient le cap - s'applique à partir d'aujourd'hui», a soutenu Mme James, mercredi, lors d'un bref point de presse.

Elle a rappelé que la directive controversée avait été annoncée en décembre dernier et que les responsables de services de garde (CPE - Centres de la petite enfance - et garderies subventionnées) avaient eu six mois pour s'ajuster.

Ceci dit, en démocratie, «les gens ont le droit de faire valoir leur position devant les tribunaux», a convenu la ministre.

Elle réagissait au fait que la coalition «Québécois pour l'égalité du droit à la garde subventionnée» avait déposé la veille, au palais de justice de Montréal, une demande d'injonction visant à retarder l'application des nouvelles règles, le temps que le dossier soit entendu par les tribunaux.

La coalition, qui vise à faire annuler la directive religieuse, prétend regrouper quelque 200 personnes.

D'après le coprésident de la coalition, Sandy Jesion, il est clair que le gouvernement viole les droits des citoyens du Québec, en appliquant cette directive.

Selon le ministère de la Famille, environ une centaine de services de garde de différentes confessions - chrétiens, islamiques et juifs - ont pour objectif d'initier les tout-petits à des dogmes et croyances religieux.

Les services qui ne respecteront pas la directive ministérielle s'exposeront à diverses sanctions, incluant la perte pure et simple de leur subvention, qui couvre la majeure partie des coûts des places à 7 $ par jour.

La directive prévoit que les services de garde subventionnés par l'État doivent être exempts d'activités ayant pour objectif l'apprentissage d'une croyance, d'un dogme ou de la pratique d'une religion spécifique.

Cependant, on ne cherchera pas à proscrire certaines «manifestations» d'inspiration religieuse, qu'on pense à une petite fête d'enfants à l'approche de Noël.

La nouvelle directive gouvernementale fait suite à un reportage de La Presse Canadienne, en mars 2010, qui révélait que des leaders musulmans et juifs, certains ultra-orthodoxes, dirigeaient des garderies subventionnées qui servaient à enseigner leurs dogmes aux tout-petits.