Les gestes de collusion et de corruption de certaines firmes de génie risquent de gruger le portefeuille de l'ensemble des ingénieurs à travers le Québec. Pour faire face à la crise qui perdure, l'Ordre des ingénieurs entend imposer une augmentation de 32% de la cotisation annuelle.

Une proposition formelle sera soumise aux membres qui sont convoqués en assemblée générale, jeudi, à Lévis. Le texte de la proposition souligne que l'Ordre «s'est engagé à mettre en oeuvre les ressources nécessaires pour que ses membres méritent à nouveau la confiance du public». Mais il y a un coût, que seuls les ingénieurs doivent prendre en charge.

Ainsi, si les ingénieurs présents à l'assemblée générale donnent leur appui, leur cotisation passera de 310$ à 410$ à compter du 1er avril 2014. À cette somme s'ajoute la cotisation spéciale de 26,20$ afin de rehausser l'image des ingénieurs; c'est ce qui correspond à la campagne publicitaire menée par l'Ordre avec un succès mitigé. Depuis 2005, la cotisation des ingénieurs a fait un bond spectaculaire de 128%, passant de 180$ à 410$.

L'Ordre dans la tourmente

La multiplication des reportages mettant en cause le travail des ingénieurs puis la création de la commission Charbonneau, où des représentants de firmes ont reconnu avoir participé ou même orchestré la collusion et la corruption dans des municipalités comme Montréal et Laval, ont plongé l'Ordre des ingénieurs dans la tourmente.

De 2008 à 2009, l'Ordre a littéralement été pris d'assaut par les demandes d'enquêtes, qui ont quintuplé. Depuis, l'Ordre reçoit quelque 400 plaintes par année. À l'heure actuelle, près de 800 dossiers sont entre les mains de l'équipe d'enquête, qui a triplé ses effectifs depuis 2010.

«Chaque individu doit également contribuer au rétablissement et ça passe par les cotisations, alors c'est la réalité à laquelle on doit faire face. On n'a pas choisi la situation, elle est survenue, on est tous affectés, mais on doit tous également s'assurer de trouver la solution et en sortir éventuellement», a indiqué hier à La Presse le directeur général de l'Ordre, André Rainville.

Les firmes à l'abri

L'Ordre des ingénieurs surveille les actes professionnels des individus, mais n'a aucun droit de regard sur ce que font les firmes qui, elles, brassent des affaires. En Alberta, les firmes de génie doivent répondre de leurs décisions devant l'organisme professionnel.

Un programme d'audit sur les pratiques commerciales des firmes de génie vient toutefois d'être lancé. On parle de collaboration avec les firmes de génie et non pas de les assujettir aux normes déontologiques de la profession. L'Ordre table sur le fait que cela pourrait être un élément de réhabilitation pour les firmes.

Avec la collaboration de Sylvain Larocque