Le Parti québécois (PQ) veut sévir contre les transfuges, mais certains de ses députés sont plus indulgents quand cela profite à la grande famille souverainiste.

«Le député fédéral de Jonquière-Alma, Claude Patry, quitte le NPD pour le Bloc québécois! Monsieur Patry affirme que le Bloc est le seul parti à Ottawa qui respecte la nation québécoise», s'est réjoui sur Twitter le leader parlementaire adjoint du PQ, Mathieu Traversy.

«Son geste n'est pas du tout opportuniste», a renchéri hier au Quotidien le ministre des Affaires municipales et des Transports, Sylvain Gaudreault. Il souligne que M. Patry avait voté OUI aux deux référendums sur la souveraineté et qu'il quittait l'opposition officielle pour un parti en reconstruction qui n'a plus suffisamment de députés pour être officiellement reconnu à la Chambre des communes.

Le ministre des Institutions démocratiques du Québec, Bernard Drainville, prépare de son côté un projet de loi contre les transfuges. Il voudrait déclencher une élection partielle quand un élu provincial claque la porte de son parti, afin de le forcer à faire approuver son choix par ses électeurs. Le transfuge porterait «l'odieux» de sa décision, qui coûtera près de 600 000$ pour organiser une élection partielle, soulignait-il. Le ministre rappelait que dans la majorité des cas, les citoyens votent plus pour un parti que pour un candidat. Le ministre n'était pas disponible pour commenter le dossier.

Son collègue Sylvain Gaudreault juge que le cas de M. Patry était différent. «L'autre distinction à faire vient du fait que notre proposition de réforme est au provincial et non au fédéral», indiquait-il.

Or, les néo-démocrates ont déjà déposé un projet de loi ainsi qu'une motion pour forcer les transfuges à faire valider leur choix en déclenchant une élection partielle. M. Patry avait voté pour ces deux initiatives. Les conservateurs, libéraux et bloquistes s'y étaient opposés.

Jean-François Fortin, député bloquiste de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, rappelle que sans les transfuges, le Bloc québécois n'aurait jamais vu le jour. Lucien Bouchard avait en effet claqué la porte du Parti progressiste-conservateur de Brian Mulroney après l'échec de l'accord du lac Meech.