Alors que le sommet gouvernemental sur le financement des universités approche à grands pas, les associations étudiantes sont plus divisées que jamais, a appris La Presse.

Aux prises avec une vague de désaffiliations, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) accuse directement l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) de comploter pour lui nuire. Selon la fédération étudiante, l'ASSÉ cherche à lui voler des membres afin de retourner en grève dès le début de l'année prochaine.

«Nous, on travaille sur le sommet, alors qu'il y a des gens qui sont présentement sur les campus pour recruter des membres», a affirmé Vincent-Olivier Bastien, porte-parole de la FECQ. Ces gens sont «clairement associés à l'ASSÉ», selon M. Bastien.

Au cours des dernières semaines, trois associations étudiantes membres de la FECQ ont voté d'une façon ou d'une autre pour se désaffilier: les cégeps de Rimouski, de Granby-Haute-Yamaska et d'Alma. Dans ce dernier cas, la FECQ conteste la façon dont la désaffiliation s'est produite. Par ailleurs, les élèves du Collège de Rosemont voteront sous peu pour rester ou partir.

M. Bastien convient que la situation actuelle représente une «crise» pour son association.

Ces désaffiliations portent la marque de l'ASSÉ, selon lui: le matériel anti-FECQ a la même signature graphique que celui de l'ASSÉ et des dirigeants de l'ASSÉ auraient souvent été aperçus dans ces cégeps.

Jérémie Bédard-Wien, porte-parole de l'ASSÉ, parle plutôt d'une «hémorragie». Il nie complètement le fait que l'organisation qu'il représente pourrait être liée aux désaffiliations. Quand on décide «d'ignorer complètement les critiques qui nous sont adressées [...], ça va mener à des campagnes de désaffiliation», a-t-il indiqué.

Processus détournés?

La FECQ dénonce aussi les méthodes utilisées par certains militants et promet de ne plus se laisser marcher sur les pieds.

La fédération oblige les associations étudiantes à passer par un référendum pour se joindre à elle ou la quitter. L'ASSÉ permet de passer par une assemblée générale. La FECQ craint que certains votes pour l'indépendance ne se transforment rapidement en affiliation à l'ASSÉ à cause de cette différence.

«Une minorité de personnes, de l'ASSÉ [...], bafouent les règles démocratiques pour en arriver à une grève générale illimitée», a affirmé M. Bastien. Il craint aussi que certains référendums ne se déroulent pas selon les règles établies. En adhérant à la fédération, on doit accepter les règles imposées pour en sortir, a plaidé M. Bastien.

Quant aux militants trop agressifs, la FECQ promet de sévir contre des propos qui «s'apparentent à de la diffamation».

L'éclatement des tensions entre associations étudiantes risque de plomber leurs efforts. Selon Vincent-Olivier Bastien, il est «fort possible» que des guerres intestines nuisent aux étudiants dans le cadre du sommet gouvernemental. «Notre force en tant que mouvement, c'est de se serrer les coudes», a pour sa part plaidé M. Bédard-Wien.

Au téléphone, le porte-parole de l'ASSÉ a d'ailleurs semblé surpris par la véhémence des reproches de la FECQ. «C'est un peu dommage d'être victimes d'une campagne de salissage», a-t-il répliqué.