Le successeur de Pierre Renaud à la tête du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sera nommé d'ici «quelques semaines». Il pourrait aussi y avoir d'autres changements dans la structure ou les membres de la haute direction, comme les environnementalistes le demandent. «Je ne le dirai pas aujourd'hui. Quand le temps va venir, les gens le sauront», répond à ce sujet le ministre du Développement durable, Daniel Breton.

Le mandat de M. Renaud avait été reconduit à l'avance en mai dernier par le gouvernement Charest. Ce renouvellement a été annulé la semaine dernière, quelques jours avant le début du second mandat. «Ça prend des gens qui veulent moderniser le BAPE. M. Renaud semblait à l'aise avec les paramètres actuels. Pas moi», dit M. Breton.

Selon le ministre, le BAPE avait perdu sa crédibilité depuis quelques années. Il veut y changer les façons de faire. «Et il faut bouger assez rapidement», dit-il. La raison: le BAPE risque de se pencher bientôt sur de nouveaux dossiers importants. Il n'a pas voulu dire lesquels. «Je ferai les annonces quand on sera prêts à les faire», a-t-il dit. Il a participé cette semaine en Alberta à une rencontre des ministres provinciaux de l'Environnement.

M. Breton a commencé à consulter des «gens qui connaissent bien le BAPE». André Bélisle, président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), est l'un d'eux. «Je lui ai dit de ne pas seulement changer de président. Tant qu'à faire, pour redonner plus de crédibilité au BAPE, il faudrait d'autres changements dans la haute direction», raconte le militant.

Le vice-président Pierre Fortin assure la présidence par intérim. M. Bélisle n'a pas voulu commenter ce cas particulier. Mais il a proposé au ministre, son «ami», des candidats pour le remplacer.

Ses deux choix: Luc Ouimet, ancien commissaire du BAPE et fondateur du Bureau de consultation de la Ville de Montréal. Et André Delisle, un ingénieur «hyper compétent» qui a lui aussi déjà travaillé au BAPE, raconte M. Bélisle. «Il ne faut pas des gens liés à quelque parti politique que ce soit. Ces deux candidats sont indépendants», ajoute M. Bélisle.

De son côté, Christian Simard, de Nature Québec, qui n'a pas été consulté par M. Breton, croit que d'autres changements à la haute direction seraient utiles. «Ça pourrait être dans les gens ou les structures, précise-t-il. Je déplore que les mandats des commissaires soient trop souvent temporaires. Cela les fragilise», dit-il.

Selon M. Bélisle, le dernier rapport «crédible et rigoureux» du BAPE remonte à 2003. Il portait sur la centrale thermique du Suroît. «Il y a eu un glissement ensuite. C'est devenu particulièrement évident avec le rapport sur Rabaska [en 2007].» Le BAPE avait conclu que les risques liés au projet de port méthanier étaient «acceptables». Nature Québec et la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine ont déjà dit partager ces griefs à l'endroit du BAPE.