Le gouvernement conservateur a nommé lundi l'ancien député adéquiste Pierre Gingras au conseil d'administration de la Société CBC/Radio-Canada. Il s'agit du deuxième membre de l'équipe Mario Dumont à décrocher un poste clef au sein d'un organisme fédéral en moins d'une semaine.

M. Gingras a déjà été maire de Blainville, au nord de Montréal. Il a représenté cette région à l'Assemblée nationale de 2007 à 2008. Avant de se lancer en politique, cet homme de 58 ans était imprimeur, commissaire scolaire et membre du C.A. de plusieurs organismes, dont l'Organisation mondiale de la famille.

Le ministre du Patrimoine, James Moore, a déclaré dans un communiqué que M. Gingras serait «un véritable atout pour le conseil d'administration».

«Je suis convaincu que son esprit novateur, sa solide expérience d'administrateur et son plein engagement envers la population profiteront grandement à la CBC/Radio-Canada», a-t-il ajouté.

Mais l'opposition en doute. Pour le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, son manque d'expérience et d'expertise en matière de radiodiffusion est flagrant. «Ce n'est pas vrai que le seul critère pour ce genre de nomination doit être d'avoir été candidat défait de l'ADQ», a-t-il ironisé lundi.

Le C.A. de CBC/Radio-Canada est actuellement présidé par Thomas Casgrain. Il comprend le pdg Hubert Lacroix ainsi que 12 administrateurs, tous nommés par le gouvernement Harper.

Vendredi, les conservateurs ont nommé un autre ancien militant de l'Action démocratique, Tom Pentefountas, au poste de vice-président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Criminaliste reconnu, M. Pentefountas avait été candidat à deux reprises pour l'ADQ avant d'en devenir le président. Il est proche de Dimitri Soudas, directeur des communications du premier ministre Stephen Harper.

Cette nomination politique a fait grincer des dents l'opposition, lundi, à Ottawa. Le NPD a ainsi souligné qu'à prime abord, M. Pentefountas ne possédait aucune des compétences requises pour un poste au CRTC. Son nom n'apparaissait d'ailleurs pas sur la courte liste des candidats au poste.

Le porte-parole du parti en matière de patrimoine, Charlie Angus, a accusé le gouvernement de vouloir saper la crédibilité et le professionnalisme du CRTC avec des nominations partisanes. «M. Pentefountas n'est pas qualifié» pour réglementer une industrie dont le chiffre d'affaires est de 60 milliards $ par an, a-t-il martelé pendant la période des questions aux Communes.

Le ministre Moore a défendu son choix lundi en affirmant que le criminaliste poserait un regard «neuf» et «bilingue» sur les questions soumises au CRTC. «Il n'est pas en conflit d'intérêts. Il n'est marié à aucun des gros joeurs de l'industrie», a-t-il fait valoir.

De l'avis du chef bloquiste, Gilles Duceppe, ce raisonnement est très «bizarre». Selon lui, la nomination de Tom Pentefountas est «totalement idéologique» et l'avocat montréalais «n'a aucune compétence pour être là».