Le maire de Saint-Jérôme, Marc Gascon, qui fait l'objet d'allégations de conflit d'intérêts, affirme n'avoir rien à se reprocher et défie quiconque de prouver le contraire.

En conférence de presse, jeudi, à la mairie de Saint-Jérôme, M. Gascon a répété qu'il n'avait aucune intention de quitter temporairement ses fonctions durant la vérification administrative sur la gestion de sa municipalité amorcée par le ministère des Affaires municipales. Il a pris soin de rappeler qu'il avait lui-même demandé cette vérification à la suite d'allégations qu'il impute à ses adversaires politiques.

Quant aux doutes soulevés par la rénovation de sa maison par des entrepreneurs qui avaient obtenu des contrats de plusieurs millions de dollars de la Ville, le maire les a balayés du revers de la main.

«C'est de l'honnêteté et de l'intégrité dont il est question. J'ai fait les choses correctement: j'ai invité un entrepreneur, une soumission; je suis allé chercher une hypothèque légale à la Caisse; j'ai fait des chèques durant la rénovation. La rénovation est terminée, nous sommes contents, monsieur est payé et je pense qu'il est satisfait et l'affaire est finie.»

Marc Gascon a fait valoir qu'il avait pris soin de confier la maîtrise d'oeuvre à un entrepreneur qui n'était plus lié à la Ville depuis au moins un an -et qui ne l'a pas été depuis-, et qu'il avait délibérément demandé à celui-ci de favoriser l'achat local, un geste normal pour un maire, selon lui. Il a ajouté, sans toutefois les produire, que toutes les factures démontrant la conformité de la transaction étaient disponibles.

Le maire Gascon, qui est également président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), a par ailleurs réitéré la position de l'organisme, qui ne voit toujours pas la nécessité d'une commission d'enquête sur l'industrie de la construction.

«Pas nécessairement une enquête publique mais une enquête publique si nécessaire», a-t-il lancé. Puis, en guise d'explication, il a repris les arguments du gouvernement Charest. «Regardons ce que le gouvernement est en train de mettre en place et si ça porte fruit. Sinon, nous serons d'accord avec l'enquête publique.»

Il a cependant fait part de son intention d'en discuter à nouveau lors de la prochaine rencontre des instances dirigeantes de l'UMQ.

Dans la foulée des allégations qui secouent le milieu municipal et qu'il a qualifiées de «chasse aux sorcières», M. Gascon estime qu'il devient de plus en plus difficile d'exercer la fonction d'élu municipal. Plus encore, en marge de sa tournée provinciale, il voit poindre des problèmes non seulement d'attraction mais aussi de rétention des personnes qui s'aventurent en politique municipale.

«Ce que j'entends de la part des élus est inquiétant. Ils se demandent si, somme toute, le travail qu'ils font aura vraiment servi leur population ou s'ils sont juste sujets à être surveillés et potentiellement à recevoir des représailles sur un dossier ou sur un autre (...) Il y a même des gens qui me disent: «c'était mon premier mandat et ce sera probablement mon dernier.»»

Il ne s'étonne guère, dans cet environnement, du nombre élevé de sièges municipaux obtenus par acclamation. «S'il n'y a pas quelque chose qui change dans cet espèce de climat particulier qu'on vit actuellement dans le monde municipal, non seulement il y aura davantage d'élections par acclamation mais il risque d'avoir des (sièges vides) dans plusieurs municipalités et le ministre devra gérer ces municipalités.»

Bien qu'il espère qu'un éventuel code d'éthique vienne clarifier les limites dans lesquelles les élus municipaux peuvent diriger, il doute qu'un tel document puisse établir une distinction claire entre le conflit d'intérêts réel et l'apparence de conflit d'intérêts dans le monde municipal.

Marc Gascon n'a par ailleurs pas hésité à répliquer au maire de Québec, Régis Labeaume, qui a claqué la porte de l'UMQ en évoquant les allégations à l'endroit de son président.

«Après 15 ans de pratique, je n'ai reçu aucun blâme du ministre des Affaires municipales. Il me semble qu'il en a eu un sur l'affaire de Clotaire Rapaille. Mais je ne lui ai pas lancé la pierre là-dessus. Je pense que, dans ces questions, la prudence est toujours de mise.

«Et si M. Labeaume avait d'autres enjeux? Parce qu'on peut penser peut-être que notre ancien collègue visait aussi la présidence et a pu être déçu», s'est demandé tout haut M. Gascon.