Elle ravage les cultures fruitières et maraîchères de la côte Est américaine. Elle envahit les maisons, dégageant une odeur désagréable quand on essaie de s'en débarrasser. Et, d'ici quelques années, elle arrivera presque certainement au Québec.

«Pour le moment, on n'a pas de nom commun en français pour la stink bug», explique Stéphanie Boucher, biologiste au musée entomologique Lyman de l'Université McGill. «Mais il est certain qu'elle arrivera au Québec comme d'autres insectes étrangers, tels la coccinelle et le longicorne asiatiques. Le problème, c'est qu'elle pourrait causer des dommages importants chez les producteurs de fruits et légumes parce qu'elle peut se nourrir d'une vaste gamme de plantes.»

La Halyomorpha halys, un type de punaise brune qui peut mesurer jusqu'à 2 cm de longueur, est arrivée en Amérique du Nord en 1998, dans des caisses en provenance de Chine. Au départ, la «punaise puante» était originaire du Japon. Comme la coccinelle asiatique, elle survit à l'hiver en se réfugiant dans les maisons pour y hiberner. Elle est maintenant présente dans 15 États américains, dont le Maine et le New Hampshire.

À titre de comparaison, le longicorne asiatique a mis sept ans pour apparaître au Canada après un premier signalement dans l'État de New York, et l'agrile du frêne a mis six ans pour passer du Michigan au Québec, selon Mme Boucher.

Arrivée prochaine

Au printemps dernier, le ministère québécois de l'Agriculture a publié une petite étude sur la punaise puante dans laquelle il annonce l'arrivée prochaine d'un «nouveau ravageur des cultures».

«C'est un insecte qui plante son rostre dans les fruits et légumes, explique Mme Boucher. Ça cause des difformités et des taches.» Selon le New York Times, le ministère américain de l'Agriculture a doublé cette année à 800 000$US son budget de recherche sur la punaise puante et planifie l'augmenter à 3,5 millions. Un représentant du Maryland a pour sa part proposé que la punaise puante soit classée comme un insecte nuisible afin que les fermiers puissent utiliser des pesticides plus puissants. Certains producteurs cités par le New York Times rapportent que 20% de leur production est endommagée. L'Union des producteurs agricoles du Québec, de son côté, n'a pas encore d'information sur la punaise puante, selon le relationniste Patrice Juneau.

La punaise puante doit son nom à l'odeur qu'elle exhale quand elle se sent menacée, selon Mme Boucher. Les médias américains rapportent que cette molécule peut s'accumuler dans les filtres des aspirateurs. «L'odeur est encore plus forte que celle de la coccinelle asiatique», dit Mme Boucher.