Le 3 mars 1875, 19 joueurs, tous anglophones, disputent le premier match «officiel» de hockey à Montréal. Ce nouveau jeu combine des éléments de rugby et de crosse ainsi que de bandy écossais et d'urly irlandais, deux jeux de balle sur gazon. «Ce mélange va donner un sport local à Montréal», explique Michel Vigneault, professeur au département de kinanthropologie à l'UQAM, qui connaît à fond l'histoire du hockey.

Le leader de ces joueurs anglophones, c'est James George Aylwin Creighton, qui va organiser le jeu et le populariser en devenant journaliste «fantôme» pour le quotidien The Gazette. Sous un nom d'emprunt, il décrit les matchs auxquels il a lui-même participé.

Le hockey n'est pas encore très populaire à l'époque. Même en 1909, l'année de la naissance du Canadien, la nouvelle équipe ne suscite pas vraiment d'intérêt. Il faut dire que les joueurs encaissent 12 défaites et remportent seulement 2 victoires... En 1916, l'année où le Canadien remporte la Coupe Stanley pour la première fois, les journaux commencent à lui consacrer un peu de place, note M. Vigneault.

Il faut attendre les années 50, avec l'arrivée simultanée de Maurice Richard sur la glace et de la télévision dans les foyers québécois, pour que la fièvre du hockey naisse réellement. «À l'époque, il n'y avait que 12 000 places au Forum. Très peu de gens avaient pu voir les matchs. Même Maurice Richard n'avait jamais vu jouer le Canadien avant d'aller au camp d'entraînement! La télé a été fondamentale dans l'essor du hockey», souligne M. Vigneault.

Depuis, la fièvre ne se dément pas. Et ne se manifeste pas qu'en séries éliminatoires. «Souvenons-nous du délire total lors du repêchage de Louis Leblanc. Il y aurait pratiquement eu une émeute si on ne l'avait pas repêché. Et l'épisode Daniel Brière! Il a été vu comme un traître parce qu'il n'est pas venu à Montréal!» rappelle Tony Patoine, prof de philosophie au cégep du Vieux-Montréal.