Le maire de Québec affirme avoir dit tout haut ce que plusieurs maires pensent tout bas en accusant Gérald Tremblay d'être responsable du climat de méfiance qui règne à l'endroit des politiciens municipaux.

Régis Labeaume est sorti de ses gonds, jeudi, après que le premier ministre Jean Charest eut profité du congrès de l'Union des municipalités du Québec pour annoncer la création d'un code d'éthique pour les villes. Ceux qui ont mal géré leur ville, laissant la porte ouverte à la corruption, devraient s'excuser, a-t-il affirmé, une allusion à peine voilée au maire de Montréal.

Loin de renier ses propos, hier, Régis Labeaume a soutenu au contraire avoir reçu de nombreux appuis. Selon lui, le scandale des compteurs d'eau, celui de la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) et les autres controverses qui ont secoué l'hôtel de ville dans les derniers mois ont terni l'image de tous les politiciens municipaux.

«Les maires sont écoeurés, a-t-il affirmé en entrevue. Ils trouvent difficile de se faire regarder de travers et ils en ont assez.»

Il rappelé la nouvelle controverse qui secoue l'administration Tremblay cette semaine parce que le directeur général de la Ville, Louis Roquet, a remis le rapport du vérificateur général à la firme TELUS alors que le document était confidentiel.

«J'aime bien Gérald, mais c'est chez eux que ça se passe, dit M. Labeaume. Que voulez-vous que je vous dise?»

Pour restaurer la confiance du public à l'égard des politiciens municipaux, il suggère de conférer des pouvoirs d'enquête plus importants au ministère des Affaires municipales.

Pas seulement à Montréal

En déplacement à l'Exposition universelle de Shanghai, le maire Tremblay a préféré ne pas répliquer à la sortie de son homologue de Québec.

«Il est naïf de penser que ce qui se produit à Montréal ne se produit pas ailleurs, a cependant indiqué son attaché de presse, Darren Becker. Pour l'instant, le maire se concentre sur la fin de sa mission en Chine et non sur les commentaires du maire Labeaume.»

Les partis de l'opposition à l'hôtel de ville abondent dans le même sens. Tant Vision Montréal que Projet Montréal soulignent que les allégations de corruption et de collusion qui ont fusé dans les derniers mois ne sont pas l'apanage exclusif de la métropole.

«Il y a du dénigrement contre Montréal et je ne participe pas à cette offensive exprimée par le maire de Québec contre le maire de Montréal», a affirmé la chef de l'opposition, Louise Harel.

Elle souhaite que M. Labeaume communique directement ses doléances à son vis-à-vis de Montréal.

«Le maire Labeaume a raison de critiquer la performance de l'ancienne administration Tremblay, affirme pour sa part le conseiller Alex Norris, de Projet Montréal. Nous sommes d'accord pour dire qu'elle a fait preuve d'une très mauvaise gestion.»

Cela dit, Projet Montréal est favorable à la mise en place de mesures pour resserrer l'éthique dans le milieu municipal.