D'anciens employés de BCIA affirment que cette agence de sécurité a assuré gratuitement la surveillance de la maison de Frank Zampino pendant qu'il était le numéro 2 de la Ville de Montréal et après sa démission, en 2008.

BCIA est cette firme qui avait fourni une carte de crédit de Petro-Canada au député Tony Tomassi. Frank Zampino, de son côté, a été président du comité exécutif de la Ville de Montréal entre 2002 et 2008.

Six anciens employés ont dit à La Presse que BCIA envoie des patrouilleurs surveiller la maison de M. Zampino tous les soirs depuis 2006. Ils ont parlé sous le sceau de la confidentialité. Trois d'entre eux sont catégoriques: ces services n'ont pas été pas facturés.

«On avait le contrat de la résidence privée de M. Zampino et il ne payait jamais, a dit un cadre qui a travaillé pour BCIA pendant trois ans. Luigi Coretti (le patron de BCIA) nous disait que c'était correct, de laisser faire ça.»

«On devait passer deux fois par soir à sa maison de Saint-Léonard, a dit un ancien patrouilleur. La fin de semaine, c'était quatre fois, deux visites de jour et deux visites de soir. Il n'y avait pas de factures, à la demande de M. Coretti.»

Un autre ancien cadre affirme avoir rencontré Frank Zampino à quelques reprises dans les bureaux de BCIA, tout comme Tony Tomassi, qui a été chassé du Conseil des ministres en raison de ses relations avec BCIA.

La surveillance préventive d'une résidence coûte de 25$ à 30$ la visite. Selon nos sources, M. Zampino a reçu 18 visites par semaine entre 2006 et 2008, et il en reçoit 7 par semaine depuis. En quatre ans, la valeur des services de patrouille excède donc 60 000$.

BCIA a un contrat de sécurité avec Saint-Léonard, qui se terminera à la fin de 2011. Le contrat, d'une valeur de 390 000$ par année, comprend la surveillance des parcs du secteur. Mais il n'inclut pas la surveillance de la maison de M. Zampino, qui a été maire de Saint-Léonard de 1990 à 2008.

«La surveillance des résidences d'élus ne fait pas partie du contrat», a dit Richard Caron, le porte-parole de l'arrondissement.

En 2006, BCIA a aussi obtenu du Service de police de Montréal un contrat d'une valeur de près de 1 million de dollars par année.

Caméras

BCIA a par ailleurs installé de nombreuses caméras de surveillance à la résidence de M. Zampino. Le technicien qui a fait le travail, Éric Dagenais, a confirmé l'information.

«J'installais des caméras pour BCIA, a dit M. Dagenais. J'ai été chez M. Zampino. Je ne me souviens pas du nombre de caméras installées, mais il y en avait beaucoup. C'était en 2006.»

M. Dagenais et les autres anciens employés ignorent si ce service a été payé ou non.

Frank Zampino est devenu président du comité exécutif de la Ville de Montréal en 2002, lorsque la ville de Saint-Léonard a été fusionnée à Montréal. Il était l'un des piliers du parti du maire Gérald Tremblay, Union Montréal. Il a abandonné toutes ses fonctions politiques le 2 juillet 2008.

L'an dernier, il s'est retrouvé au centre d'une controverse quand La Presse a révélé qu'il avait voyagé dans les Antilles à bord du yacht de l'homme d'affaires Tony Accurso. À la même période, la Ville se préparait à signer l'important contrat des compteurs d'eau avec un consortium codirigé par M. Accurso.

La Presse tente de parler à M. Coretti depuis deux semaines, soit depuis que BCIA s'est placée sous la protection de la Loi sur la faillite, mais sans succès. Nous avons tenté de diverses façons de joindre M. Zampino. La Presse s'est notamment rendue chez lui et a laissé un message écrit à son fils invitant M. Zampino à téléphoner pour donner sa version des faits. M. Zampino n'a pas rappelé.

- Avec la collaboration de Michèle Ouimet