La vallée du Saint-Laurent est l'un des trois endroits au monde les plus propices aux glissements de terrain en raison de ses sols argileux. «Il y a environ 6000km2 de sols à risque de mouvement, dit François Morneau, coordonnateur scientifique à la Sécurité civile du Québec. C'est notre principal risque de nature géomorphologique. À d'autres endroits du monde, ce sont des volcans ou des tsunamis.»

La région située entre Saint-Hyacinthe et le lac Saint-Pierre est la plus problématique du Québec, selon Michel Lamothe, professeur de géologie à l'UQAM.

 

Ces sols argileux se sont formés il y a 10 000 ans, à la fin de la dernière ère glaciaire, quand un bras de l'océan Atlantique a envahi la vallée du Saint-Laurent. «Cette argile est constituée de minéraux très riches en eau - plus de 30%, dit M. Lamothe. Quand les rivières commencent à se faire un chemin dans ces argiles, il se forme des pentes instables.»

«Au printemps, l'eau pénètre dans le sable et coule entre le sable et l'argile, ou pénètre dans des fissures de l'argile, dit-il. Il suffit d'une ou deux fractures, ou d'un ruisseau qui entaille le bas d'un talus, pour provoquer un glissement de terrain.»

On ne peut pas empêcher ce phénomène, précise-t-il, mais on peut le prévenir. «Il faut avertir la Sécurité civile quand on voit des fractures récentes», dit-il.

Il affirme que le problème s'est intensifié avec le déboisement. «Il y a eu beaucoup de glissements de terrain depuis la fin du XIXe siècle, dit-il. On le voit avec l'âge des sédiments dans le lac Saint-Pierre. C'est le couvert forestier qui protège les talus.»