Le maire de Mascouche, Richard Marcotte, est attaqué de toutes parts, six mois après sa réélection du 1er novembre dernier.

Une conseillère, Lise Gagnon, a quitté son parti en l'accusant d'avoir menti aux électeurs au sujet de la hausse de l'impôt foncier qui a frappé les contribuables au début du mois de mars.

Pendant la campagne, M. Marcotte et son équipe avaient affirmé que la croissance de la Ville permettrait comme par le passé de contenir la hausse de l'impôt.

En réalité, l'impôt foncier a augmenté de 12% à 14% en moyenne. Dans plusieurs cas, avec la hausse des valeurs foncières, l'augmentation dépasse les 30%, ce qui a provoqué une révolte fiscale. Une pétition de 3000 noms demandant la démission du maire Marcotte a d'ailleurs été déposée.

«Je suis persuadée qu'il était au courant de la hausse de taxes depuis septembre ou octobre, dit Mme Gagnon, qui siégera dorénavant comme indépendante. S'il n'était pas au courant, je ne sais pas où il était. C'était mon chef de parti. Il nous a laissés dans l'ignorance et je ne pouvais plus lui faire confiance.»

Réplique

Le maire Marcotte réplique en affirmant que Mme Gagnon a pris connaissance des projections de hausse en même temps que lui, avant l'adoption du budget, en janvier.

«L'augmentation de taxes était prévue dans les documents de préparatifs du budget», dit M. Marcotte.

Les autres conseillers fidèles au maire ont souligné que Mme Gagnon était membre de la Commission des finances et qu'elle «avait accès en tout temps aux fonctionnaires pour poser ses questions ou faire connaître ses commentaires».

M. Marcotte critique aussi Mme Gagnon pour avoir changé d'allégeance depuis 2002, en passant au parti de l'opposition en 2005 avant de revenir au parti du maire, puis de devenir indépendante.

Cette critique n'ébranle pas Mme Gagnon. «Je reçois beaucoup de messages d'appui, de citoyens et même de membres du parti du maire, dit-elle. Le mécontentement est sur l'ensemble du territoire. Le maire m'a dit: "Laisse passer la vague." Mais je crois que les gens ne l'oublieront pas. Il a menti à deux semaines des élections.»

Le maire Marcotte a aussi suscité la controverse en utilisant plusieurs fois le terme «pervers» dans un discours devant la chambre de commerce locale, pour qualifier les actions de ses opposants.

Il a expliqué à La Presse qu'il voulait dire que l'attitude de ses opposants, qui ont chahuté par centaines la dernière assemblée du conseil, avait un effet «pervers» sur l'image de Mascouche.

Selon Mme Gagnon, c'est plutôt le maire qui est devenu nuisible pour l'image de sa ville. «Il représente très mal la ville de Mascouche, dit-elle. Et maintenant, quand on parle de Mascouche, ce n'est plus avec fierté.»

Assemblée de la CRE à huis clos

Par ailleurs, un membre du parti de l'opposition porte plainte au ministère des Affaires municipales contre la Conférence régionale des élus de Lanaudière. La dernière assemblée de la CRE, où M. Marcotte a été réélu président, a été tenue à huis clos, ce qui est contraire à la loi.

«Une dizaine de policiers de Mascouche avaient été appelés afin d'interdire l'accès au pavillon du Grand-Côteau aux citoyens», écrit Stéphanie Handfield, qui a formulé la plainte.

Les policiers sur place ont déclaré au journal local, La Revue, que M. Marcotte avait demandé leur intervention. «Nous avions été informés par le cabinet du maire de l'intention de citoyens de troubler l'ordre public», a affirmé le directeur du Service de police de Mascouche, Francis Caron.

Or, dit la loi, «les assemblées du conseil d'administration d'une conférence régionale des élus sont publiques».

«Les citoyens présents n'étaient d'aucune façon turbulents ou menaçants, affirme M. Handfield. Plusieurs étaient présents dans le but de s'enquérir sur des dossiers d'intérêts régionaux.»

La prochaine assemblée du conseil à Mascouche a lieu ce soir.