Un groupe d'experts a découvert l'existence de lacunes sérieuses au chapitre du filtrage de sécurité des entreprises auxquelles fait appel le gouvernement fédéral.

Plusieurs ministères s'assurent que leurs employés contractuels ne présentent aucun danger pour la sécurité. Toutefois, ils omettent de faire la même chose avec les entreprises pour lesquelles travaillent ces personnes, laissant ainsi la porte ouverte à d'éventuelles fuites de renseignements qui devraient demeurer secrets.

«Il est très risqué de fournir des renseignements classifiés à un individu du secteur privé avant même de savoir à qui cet individu se rapporte», est-il écrit dans un document gouvernemental interne.

«Non contrôlés, les responsables d'entreprise pourraient exercer une pression indue sur leurs employés pour qu'ils leur révèlent des informations sensibles en raison de leur situation d'autorité ou de pouvoir.»

Seuls le ministère des Travaux publics et Services gouvernementaux, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) s'assurent que les entreprises appelées à exécuter des travaux classifiés ne posent aucun risque pour la sécurité.

Quelque 1800 contrats classifiés sont attribués chaque année par environ deux douzaines de ministères sans que les entreprises les ayant obtenus n'aient au préalable fait l'objet d'une vérification de sécurité.

Cette constatation a été faite par le Groupe de travail sur les enquêtes de sécurité sur le personnel, constitué de fonctionnaires et formé il y a deux ans afin de moderniser le système d'enquête sur la sécurité du gouvernement fédéral.

Un rapport préliminaire de ce groupe de travail, fortement censuré, a été obtenu par La Presse Canadienne en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information.

Le secteur privé déplore depuis longtemps que le système actuellement en place donne lieu à un gaspillage d'argent et de temps. Un entrepreneur ayant obtenu le feu vert de la GRC afin de travailler pour le compte d'un ministère doit de nouveau se soumettre à une vérification de sécurité s'il cherche à obtenir un contrat d'un autre ministère.

«Nous avons des employés qui travaillent à des centrales nucléaires qui pourraient être appelés à travailler, disons, à l'aéroport de Toronto, et ils ne le peuvent pas», a indiqué en entrevue le porte-parole de l'Association canadienne de la construction (ACC), Bill Ferreira.

«Cela n'a pas de sens», a-t-il dit.

L'ACC et d'autres groupes souhaitent que les procédures de filtrage soient davantage centralisées.