Le Canada s'est déclaré jeudi «préoccupé» par la décision de la Cour suprême du Nicaragua jugeant «inapplicable» un article de la Loi fondamentale interdisant au président de briguer un deuxième mandat de suite, ce qui ouvre la voie à la réélection de Daniel Ortega en 2011.

«Notre première analyse de la décision rendue nous porte à croire qu'elle s'inscrit dans cet inquiétant mouvement de rétrécissement de l'espace démocratique au Nicaragua», a déclaré le secrétaire d'État canadien pour les Amériques, Peter Kent.

«Nous prenons au sérieux les allégations selon lesquelles la stricte application de la loi a été contournée», a-t-il ajouté dans un communiqué, soulignant que son gouvernement était «préoccupé» par cette décision.

«Nous exhortons le gouvernement du Nicaragua (...) à respecter les engagements pris au sein d'organismes comme les Nations unies et l'OEA (Organisation des États américains) et à promouvoir des élections libres et équitables ainsi qu'un processus démocratique transparent», a poursuivi M. Kent.

Il a indiqué en outre que son pays «collaborerait activement» avec les pays membres de l'OEA afin de «veiller» au respect des «aspirations démocratiques du peuple nicaraguayen».

La chambre constitutionnelle de la Cour suprême de Justice du Nicaragua a jugé le 19 octobre que la loi empêchant le chef d'État de se présenter deux fois de suite enfreignait le principe d'égalité des citoyens, puisque la Constitution autorise les parlementaires à se représenter indéfiniment.

Cette décision a suscité une vive polémique au Nicaragua. Le propre président de la Cour suprême de Justice, Manuel Martinez, s'est lui-même dit surpris et a estimé que les juges qui ont pris cette décision ont fait preuve «d'un irrespect complet de la Constitution».

Daniel Ortega est arrivé pour la première fois au pouvoir par les armes lors de la révolution sandiniste (1979-90). Il y est revenu par les urnes, en janvier 2007, après avoir remporté l'élection présidentielle de fin 2006.