La chicane entre Ottawa et Québec autour de la propriété des terrains avoisinant le parlement de Québec a pris un tour imprévu. Des 1997, au plus fort de l'affrontement autour de la loi sur la clarté référendaire, le gouvernement Chrétien avait offert de retourner les terrains qu'Ottawa possède devant le parlement, à Québec. Il demandait en retour que Québec cède un terrain où se trouve érigée, en partie, la terrasse Dufferin.

Dans les discussions toutes récentes avec le gouvernement Charest, Ottawa a abdiqué, passé à la trappe sa vieille exigence de récupérer ces terrains de la Terrasse.

Avec les plaines d'Abraham, la Terrasse est une vitrine importante pour le gouvernement fédéral dans la Vieille Capitale. Proche du Château Frontenac elle se trouve érigée, pour une partie, sur un terrain qui appartient à Québec, sous la responsabilité du ministère québécois des Transports.

Bien avant que ne s'élève la controverse autour de la propriété des terrains devant le parlement, dès la fin des années 90, des discussions avaient lieu entre Ottawa et Québec pour régler bien simplement le litige: Ottawa récupérait le fond de terre où se trouve sa Terrasse et cédait en retour deux lots qui se trouvent juste devant le parlement.

La Presse a obtenu la lettre de juin 1997, où le directeur de Parcs Canada à Québec, Jean Desautels, proposait sans détour un «échange de propriétés» au président de la Capitale nationale à l'époque, Pierre Boucher.

Cette semaine à Québec, dans les coulisses, on a indiqué à La Presse que le gouvernement Charest «n'avait pas l'intention de céder quoi que ce soit», et que le retour du terrain sous la terrasse Dufferin n'était plus à l'ordre du jour.

Le 24 juin dernier, de passage dans la capitale, le premier ministre Harper avait promis que Québec allait récupérer les terrains devant son parlement. L'Assemblée nationale est la seule assemblée législative à ne pas être propriétaire de son terrain. Mais dans des échanges de lettres entre Josée Verner et Claude Béchard, le ton a vite monté.

Le ministre Béchard exige désormais la rétrocession, non seulement des terrains devant le parlement, déjà concédés par Ottawa, mais aussi de deux autres lots, situés juste à côté des fortifications, un ouvrage qui appartient à Parcs Canada.

Accusé d'être «gourmand» par la ministre Verner, le ministre Béchard hausse le ton dans une lettre transmise à la ministre fédérale le 30 septembre dernier, que La Presse a obtenue. Mme Verner refusait de céder les terrains touchant les fortifications en raison du «caractère historique» de cet ouvrage, construit vers 1830, pour contrer une invasion américaine qui n'est jamais venue.

Pour le ministre Béchard, Québec était une ville fortifiée bien avant la Conquête, l'enceinte existait déjà «deux cents ans avant la création du Canada». Les cartes de l'époque indiquent qu'il se trouvait un avant-poste autour de l'endroit des fortifications actuelles alors que la véritable enceinte était, plus loin, plus proche du couvent des Ursulines, dans le Vieux-Québec. Pour le ministre Béchard, les fortifications de Parcs Canada «appartiennent d'abord aux 400 ans d'histoire de la ville de Québec».

Elles comptent parmi les «jalons de l'histoire du Québec» comme «des faits marquants gravés dans la mémoire collective de la nation québécoise», poursuit le ministre Béchard.