Une «erreur» macabre a soulevé une vague de consternation à Ottawa, hier. Tous les partis, y compris le gouvernement, ont condamné avec indignation l'envoi, par Santé Canada, de dizaines de sacs mortuaires à des communautés autochtones du nord du Manitoba, en prévision d'une prochaine éclosion de la pandémie de grippe A (H1N1).

«Le message que ça envoie, c'est que des gens d'origine autochtone vont mourir. C'est un message de mépris, de désespoir. C'est un cynique manque de compassion, a déploré le chef libéral, Michael Ignatieff. Il y a un manque de préparation dans ces communautés qui est très troublant pour les chefs. Ils sont démunis. Ils ne peuvent pas prévenir l'épidémie.»

Mercredi, des chefs de nations autochtones se sont rendus jusqu'à Ottawa pour dénoncer ce qu'ils ont perçu comme une insulte de la part du gouvernement fédéral.

Devant le tollé de critiques, Santé Canada a publié un communiqué en fin d'après-midi, hier, s'excusant pour cet «incident», tout en expliquant qu'il s'agissait d'un approvisionnement normal et «nécessaire» de matériel médical, qui se fait périodiquement dans les régions éloignées.

«Puisque nous ne connaissons pas la gravité de l'éclosion éventuelle et que les collectivités isolées du Nord se trouvent dans une situation vulnérable, la région du Manitoba a renouvelé, pour une période de trois à quatre mois, les réserves de fournitures de plusieurs collectivités des Premières Nations», a indiqué Santé Canada.

En matinée, la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq, elle-même originaire du Nunavut, avait toutefois réclamé une enquête interne pour faire la lumière sur l'affaire.

«Ce qui s'est produit est inacceptable. Il s'agit d'un geste insensible et insultant. En ma qualité de ministre de la Santé et étant moi-même autochtone, je suis offusquée», a souligné Mme Aglukkaq, par communiqué, alors qu'elle se trouvait à Winnipeg pour rencontrer les ministres de la Santé des provinces et territoires.

En chambre, les ministres du gouvernement Harper ont dû répondre à de nombreuses critiques de la part des partis de l'opposition, notamment sur le manque de préparation à la veille de la saison de l'influenza.