Sitôt la coalition enterrée, le NPD de Jack Layton a déclenché une série d'attaques contre le nouveau chef libéral, alors que le Bloc québécois refuse quant à lui de s'inquiéter de la forte popularité de Michael Ignatieff au Québec.

Moins de 24 heures après que le Parti libéral eut annoncé qu'il voterait en faveur du budget, son allié d'hier, le NPD, a lancé une campagne publicitaire à la radio et sur l'internet, tirant à boulets rouges sur M. Ignatieff, l'accusant de soutenir un gouvernement conservateur qui ne comprend rien aux préoccupations des Canadiens.

«Nous comptions sur Michael Ignatieff pour prendre position pour les familles de la classe moyenne, souligne un des deux messages publicitaires, en anglais. Au contraire, il soutient Stephen Harper. Michael Ignatieff a échoué à son premier test en tant que chef du parti libéral.»

Le NPD avait en fait prévu deux séries de publicités, dont une en faveur de la coalition, advenant que les libéraux aient plutôt annoncé qu'ils rejetaient le budget du ministre des Finances, Jim Flaherty.

Ancien adversaire de Michael Ignatieff à la course à la direction du parti, le député libéral Bob Rae a jugé que les publicités néo-démocrates étaient tout simplement «un signe de désespoir». «Ils gaspillent leur argent. Ça ne marchera pas, a souligné M. Rae. Les chiffres le démontrent. M. Ignatieff devient de plus en plus populaire.»

Le dernier sondage CROP-La Presse, publié hier, indique une hausse notable des intentions de vote au Québec en faveur du Parti libéral, notamment en raison de la popularité du nouveau chef, que 37% des Québécois considèrent comme le meilleur candidat au poste de premier ministre (comparativement à 16% pour Stephen Harper).

Refusant de commenter ces sondages, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, n'a pas semblé préoccupé par une hausse marquée des intentions de vote en faveur du PLC au Québec.

«Ce sont les conservateurs qui sont au gouvernement, ça demeure l'adversaire principal», a souligné M. Duceppe, qui n'avait pas caché, la veille, sa déception de voir M. Ignatieff appuyer le budget du gouvernement Harper.

L'organisateur en chef du Bloc, Mario Laframboise, estime pour sa part que l'étoile du chef libéral pâlira après quelque temps, comme c'est souvent le cas quand un nouveau leader fait son entrée sur la scène politique.

«Même Stéphane Dion a eu son moment de gloire. M. Ignatieff a son moment de gloire», a dit M. Laframboise.

Les militants bloquistes se réuniront demain à Saint-Hyacinthe pour un conseil général, qui sera l'occasion de discuter de stratégies pour les mois à venir. Pour l'occasion, le chef sera soumis à un vote de confiance. En 2007, après avoir nourri pendant quelques heures l'idée de passer en politique provinciale, avant de se raviser, Gilles Duceppe s'était soumis volontairement au même exercice et avait obtenu un écrasant résultat de 95,4% d'appuis.