À quelques jours de l'assermentation de ses élus, Québec solidaire prépare son « plan de match » pour se démarquer au sein d'une opposition en reconstruction.

Manon Massé assumera le rôle de chef parlementaire et Gabriel Nadeau-Dubois, de leader en chambre - « dans la continuité de la manière dont on a fonctionné lors de la campagne électorale », fait-il valoir. Les co-porte-parole demeureront donc tous deux à l'avant-plan de la formation, qu'ils continueront à diriger en tandem.

C'est avec un peu plus d'un an en fonction - ce qui en fait le deuxième député le plus expérimenté de Québec solidaire - que Gabriel Nadeau-Dubois se hisse à cette nouvelle fonction, qui consiste à coordonner l'action parlementaire du parti.

Sa première tâche sera de faire reconnaître Québec solidaire en tant que groupe parlementaire, un statut qui permet notamment d'obtenir de précieux budgets de recherche et un plus grand temps de parole en chambre, mais qui requiert habituellement l'élection de 12 députés ou l'obtention d'au moins 20 % des voix.

Ni Québec solidaire ni le Parti québécois ne remplit actuellement ces exigences, avec dix élus chacun, mais le député de Gouin a bon espoir d'obtenir gain de cause.

« C'est vraiment une question de respecter les électeurs et les électrices qui ont envoyé quatre formations politiques à l'Assemblée nationale, soutient-il. Le bipartisme est terminé au Québec. Et l'Assemblée nationale, dans son fonctionnement, doit refléter cette pluralité de voix. »

Il pourra notamment s'appuyer sur le précédent établi par l'Action démocratique du Québec, en 2009, lorsqu'elle avait obtenu cette reconnaissance avec seulement sept députés.

Une équipe au franc-parler

L'ex-leader étudiant se donne aussi pour objectif de faire entendre « les voix différentes » au sein du parti, comme celle de la nouvelle élue de Taschereau, Catherine Dorion, qui a fait un passage remarqué à l'émission Tout le monde en parle la semaine dernière.

Il ne pense pas avoir à user de beaucoup de discipline pour que tous travaillent dans la même direction: « La force de Québec solidaire à l'Assemblée nationale a toujours été l'équilibre entre les personnalités fortes de nos députés - leur franc-parler, leur capacité de bousculer l'ordre établi -, tout en gardant une cohérence générale de notre action. »

Les dossiers que porteront les nouveaux députés seront d'ailleurs dévoilés sous peu, assure-t-il, pour que le caucus se distingue dès le début des travaux parlementaires.

« Les libéraux et les péquistes vont être en introspection, en réflexion sur leur avenir, ensuite en course au leadership, relève-t-il. Pendant ce temps-là, nous on va être là, fidèles au poste et on va talonner le gouvernement Legault sur les changements climatiques, sur la réforme du mode de scrutin. »

Alors que les deux autres partis de l'opposition ont dû se doter de chefs intérimaires, Québec solidaire sera selon lui « le mieux placé » pour se dresser contre le gouvernement caquiste.

Un dépouillement qui « ne change pas grand-chose »

Même si le résultat du dépouillement judiciaire dans la circonscription de Gaspé a placé le PQ ex aequo avec QS, Gabriel Nadeau-Dubois estime que ce recomptage « ne change pas grand-chose ».

« L'objectif, ce n'est pas d'être devant ou derrière le Parti québécois. L'objectif, c'est de pouvoir jouer notre rôle et puis là on va pouvoir le faire comme jamais auparavant », avance-t-il.

Même s'il a ainsi été relayé au dernier rang de l'opposition, Québec solidaire peut se targuer d'avoir doublé ses appuis et plus que triplé sa députation.

Alors que le président de campagne et potentiel aspirant chef du Parti libéral, Alexandre Taillefer, dit vouloir s'inspirer de ce succès, M. Nadeau-Dubois doute que la recette puisse être récupérée.

« Ce qui a démarqué Québec solidaire durant la campagne, c'est la cohérence de notre démarche. C'est le fait qu'on n'a pas attendu à la troisième semaine de campagne pour parler d'environnement », a-t-il illustré en entrevue avec La Presse canadienne.

« Cette sincérité, ça se remarque et ça vaut bien plus que toutes les campagnes de marketing ou tous les "rebrandings" auxquels pourraient se prêter les autres partis », a-t-il tranché.