Après une courte promenade dans un épais brouillard sur le mont Mansfield, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a rencontré dimanche le gouverneur du Vermont, Phil Scott. Tous deux ont discuté de l'importance du commerce entre le Canada et les États-Unis.

Mais, au-delà des sourires et des poignées de main de rigueur, l'actuelle politique commerciale du président Donald Trump et le ton acrimonieux des relations canado-américaines ont jeté une ombre sur la rencontre.

Les deux dirigeants ont signé une déclaration commune affirmant leur volonté de renforcer les liens économiques entre la province et l'État. Ils n'ont toutefois pas pu échapper aux questions sur le différent commercial entre les États-Unis et le Canada.

La veille, M. Trump a menacé d'imposer des droits douaniers au secteur de l'automobile. Il a récemment décrit le premier ministre, Justin Trudeau, comme un être « très malhonnête et faible ».

M. Scott, un républicain, a déploré le vocabulaire employé par le président, le qualifiant d'irrespectueux.

« M. Trump - notre président - a, par le passé, formulé de nombreux commentaires qui me semblent irrespectueux. C'est peut-être sa tactique de négociation, mais ce n'est pas celle que j'utiliserais », a-t-il déclaré.

Le Québec est le premier partenaire commercial international du Vermont. Environ 17 000 emplois de l'État dépendent du commerce avec le Canada.

La rencontre entre MM. Couillard et Scott s'est déroulée dans le cadre de la Conférence annuelle de deux jours des gouverneurs des États de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l'est du Canada.

Le gouverneur du Vermont a dit qu'il était important que les dirigeants des États et des provinces puissent se rencontrer et signer des accords, malgré le litige entre Ottawa et Washington.

« Je ne dirai pas que l'ire du président est entièrement tournée vers le Canada. Je l'ai vu agir dans d'autres domaines et, même chez nous, il est comme cela. C'est pourquoi il est si important pour nous d'avoir ce genre d'événement. Nous ne pouvons peut-être pas contrôler ce que le président dit, mais nous pouvons contrôler ce que nous disons et ce que nous faisons. »

Donald Trump a dit à plusieurs reprises que le système de gestion de l'offre du Canada, qui régit le secteur agricole au pays, représente un obstacle à la signature d'une nouvelle entente commerciale entre son pays, le Canada et le Mexique.

M. Couillard a fait valoir que les États-Unis aidaient aussi leurs agriculteurs par des subventions et d'autres mesures, ajoutant que le Canada avait ses propres politiques de soutien à son secteur agricole.

« Grâce à l'ALENA, la grande majorité des échanges sont exempts de droits de douane, a rappelé M. Couillard. Au lieu de nous concentrer sur les quelques domaines encore frappés par des droits de douane, nous devrions reconnaître que l'ALENA permet à la plupart de nos échanges commerciaux d'en être épargnés. On ne doit pas ajouter à nos difficultés en déchirant [l'entente]. »

La Conférence se poursuit lundi par des séminaires et des activités auxquels participeront aussi les premiers ministres Brian Gallant (Nouveau-Brunswick), Dwight Bell (Terre-Neuve et Labrador) et Wade MacLauchlan (Île-du-Prince-Édouard).

Du côté américain, le gouverneur du Connecticut, Dannel P. Malloy, et celui du Massachusetts, Charlie Baker, devraient être eux aussi présents.