Le premier ministre Philippe Couillard fait le pari d'une campagne plus longue, de 39 jours : les élections seront déclenchées dès le 23 août, a-t-il révélé lors du congrès de l'aile jeunesse de son parti, samedi.

« J'entends que nous avons tous la fierté, le goût de nous battre pour nos idées. Je sens que vous êtes prêts. [...] Moi aussi, je suis prêt ! », a-t-il lancé sous les applaudissements nourris de quelques centaines de militants. Il a choisi le dernier rendez-vous de son parti avant les élections pour abattre ses cartes : « Je vous annonce que le 23 août, dans 12 jours, nous serons en campagne électorale ! »

Le vote aura lieu le 1er octobre, comme le prévoit la loi sur les élections à date fixe.

Les autocars des chefs sillonneront donc le Québec pendant 39 jours. On s'attendait à ce que le coup d'envoi du scrutin ait lieu le 29 août, pour une campagne de 33 jours, comme on le voit généralement. Mais la loi permet d'étirer sa durée jusqu'à 39 jours.

Le scénario d'un déclenchement hâtif des élections circulait depuis déjà quelques jours. Les avis étaient partagés chez les libéraux sur cette stratégie. Certains craignaient que les électeurs n'y voient une astuce mesquine.

Mais d'autres plaidaient qu'une course plus longue a l'intérêt d'augmenter les probabilités que le chef caquiste François Legault commette des faux pas.

« LE QUÉBEC SE PORTE MIEUX »

En conférence de presse, Philippe Couillard ne s'est pas aventuré sur ce terrain et a avancé d'autres arguments pour justifier sa décision. 

« On a besoin de plus de jours pour aller à la rencontre des Québécois, en particulier visiter plusieurs régions. »

- Philippe Couillard 

Avec le congé de la fête du Travail et les débats, qui forcent les chefs à passer plusieurs jours dans la métropole, « le nombre effectif de jours de campagne est assez réduit », a-t-il fait valoir.

Dans son discours de clôture, M. Couillard a appelé les militants à se mobiliser et à commencer « la grande marche vers la réélection du Parti libéral du Québec ». Le premier ministre n'a pas parlé de ses adversaires ; il a tout juste mis en garde les électeurs contre « le faux changement et les mirages » promis par d'autres.

« Depuis 2014, aucun doute, le Québec se porte mieux. Il n'est plus champion du chômage. Il n'est plus un champion canadien de l'endettement des générations futures. Il n'est plus un maillon faible de l'économie canadienne. Le Québec est une force montante », a-t-il soutenu, donnant un avant-goût de ses allocutions électorales.

Quelques instants plus tôt, le président de sa campagne, l'homme d'affaires Alexandre Taillefer, avait pris la parole pour exhorter les militants à se retrousser les manches pour « une des élections les plus importantes de l'histoire ». « C'est une guerre qui va se gagner dans les tranchées ! », a-t-il illustré.

« APPROPRIATION CULTURELLE » : MISER SUR LE DIALOGUE

Dans un autre ordre d'idées, Philippe Couillard rejette l'idée de lier le financement des créations artistiques concernant les minorités culturelles à une juste consultation et une juste représentation de celles-ci.

À l'issue d'un débat animé et d'un vote serré, les jeunes libéraux ont adopté leur proposition sur l'« appropriation culturelle » et le financement des artistes. Ils veulent que la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) adoptent « un processus d'octroi des subventions plus rigoureux », afin que les producteurs et scénaristes incluent davantage les communautés minoritaires et les autochtones « dans le processus créatif des productions artistiques qui concernent leurs traditions culturelles et historiques ». Ce serait une condition pour obtenir le financement ou alors en avoir un plus généreux.

« Nous ne pensons pas que l'approche coercitive ou conditionnelle soit nécessairement la meilleure dans le domaine de la création artistique. Je pense qu'il faut encourager le dialogue. »

- Philippe Couillard

Ce devrait être « un réflexe naturel de la part des créateurs artistiques de faire en sorte que tous se reconnaissent, voient leur reflet dans leurs créations ». Le milieu culturel a, selon lui, « reçu un signal très fort » à ce sujet avec les controverses entourant SLĀV et Kanata, deux productions de Robert Lepage annulées sous la pression de critiques de certains groupes.

REPRISE DES NÉGOCIATIONS AUTOUR DU PARC ÉOLIEN D'APUIAT

Les négociations reprendront demain entre Hydro-Québec et les Innus en vue de la réalisation du parc éolien Apuiat, près de Port-Cartier. Après avoir soulevé des objections à l'égard de ce projet, le PDG de la société d'État, Éric Martel, partage maintenant « entièrement les objectifs du gouvernement », a déclaré le ministre des Ressources naturelles, Pierre Moreau.

« Tout important que soit le mandat du président-directeur général d'Hydro-Québec, il ne peut pas, dans la conduite de son mandat, créer des impacts négatifs sur les relations entre le gouvernement du Québec et les Premières Nations », a-t-il ajouté dans sa première sortie publique sur ce dossier.

Selon Pierre Moreau, le PDG « a réalisé l'impact de sa lettre transmise à la communauté innue » dans laquelle il qualifiait le projet de « difficilement recommandable » en raison de ses coûts. « Il dit maintenant pouvoir faire de ce projet un projet gagnant-gagnant », a affirmé le ministre, qui avait donné une volée de bois vert à M. Martel dans une réplique écrite.

Après qu'un journaliste eut suggéré qu'il y avait eu « tordage de bras » pour obtenir ce résultat, M. Moreau a préféré présenter les choses sous un autre jour : « Appelons ça un ajustement dans le cadre d'une négociation, au bénéfice du Québec et de la relation que l'on souhaite avec les Innus. »

De son côté, Philippe Couillard a réitéré qu'il était « essentiel de faire ce projet ». « Ce serait tellement une erreur stratégique majeure de ne pas réaliser ce projet-là pour l'avenir du développement du Nord », où l'appui des autochtones est essentiel pour réaliser une série d'autres projets, a-t-il souligné.