Les créateurs de SLAV et de Kanata, deux productions de Robert Lepage, auraient dû consulter les minorités ethniques concernées par leur spectacle et ont «peut-être manqué de sensibilité» à leur égard, estime l'aile jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ).

Elle propose de «sensibiliser davantage le milieu artistique et le grand public quant à l'enjeu de l'appropriation culturelle» et d'accorder des subventions plus généreuses aux producteurs qui font davantage de place aux communautés minoritaires.

Le président de la Commission-Jeunesse du PLQ, Stéphane Stril, a dévoilé mercredi le cahier de propositions du congrès de son organisation qui aura lieu samedi, dernier rendez-vous partisan des militants libéraux avant la campagne électorale.

Les controverses autour de SLAV et de Kanata, deux spectacles qui ont été annulés cet été en raison des critiques de certains groupes, ont «teinté» la préparation de ces propositions, a-t-il reconnu en conférence de presse.

«Malheureusement, le fait que les deux pièces aient été annulées, ça nous montre qu'il y a quand même eu des malaises qui ont été créés. Je pense qu'on a manqué de dialogue.» Il n'a pas voulu dire si leur annulation est «une bonne chose ou pas».

«Ces questions touchent beaucoup notre génération, a-t-il fait valoir. Notre génération connaît un monde très diversifié, où diverses communautés sont présentes. On encourage cette diversité. C'est dans cette direction qu'on veut aller: encourager le dialogue, la sensibilisation du public et des acteurs de ce milieu-là pour s'assurer que ce genre d'événement ne se reproduise plus.»

Bien que les propositions de l'aile jeunesse tendent à donner raison aux critiques de SLAV et de Kanata, M. Stril a cherché à prendre ses distances avec les manifestants. Ceux-ci «ont été souvent dans le tort, en étant beaucoup trop agressifs, en s'attaquant de façon disproportionnée à la chose et en lançant des mots trop graves. Je pense que ce n'est pas la façon qu'il faut faire. Je pense que des deux côtés, il faut qu'on ait un dialogue constructif. Insulter des gens qui rentrent voir une pièce de théâtre, ce n'est certainement pas la solution».

Les propositions soumises par l'aile jeunesse ne briment pas la liberté d'expression à ses yeux. «La liberté est absolument primordiale dans cette histoire-là. Il ne faut pas du tout que l'une des deux questions vienne brimer l'autre. On peut être totalement sensible à certaines choses qui peuvent être dites et qui peuvent blesser parfois certaines communautés qui, malheureusement, ont rarement eu l'occasion de s'exprimer. Pour nous, ce qu'on pense, c'est qu'on doit leur tendre l'oreille, leur tendre la main, surtout lorsqu'on fait des pièces, des produits, du matériel artistique qui les touchent directement», a-t-il soutenu.

Il a ajouté que «notre scène artistique au Québec est encore très, très blanche et qu'il faut qu'elle soit plus représentative de la diversité qu'on a».

«On a à Montréal environ un Montréalais sur trois qui n'est pas né à Montréal, qui vient de l'extérieur. Je pense que ça doit être visible lorsqu'on va au théâtre, au cinéma», a-t-il dit.

Les propositions de la Commission-Jeunesse du PLQ

- Inciter la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et le Conseil des arts et lettres du Québec (CALQ) à adopter un processus d'octroi des subventions plus rigoureux afin d'inciter les producteurs et scénaristes à inclure davantage les communautés minoritaires et les autochtones dans le processus créatif des productions artistiques qui concernent leurs traditions culturelles et historiques. M. Stril a précisé que les subventions pourraient être plus élevées pour ceux qui font plus de place à ces communautés.

- Sensibiliser davantage le milieu artistique et le grand public quant à l'enjeu de l'appropriation culturelle et à la mixité dans le contenu artistique.

- Favoriser la mise en place d'un dialogue interculturel ouvert et inclusif dans le milieu artistique.

- Soutenir davantage l'émergence d'artistes et de productions issus des minorités culturelles et des Premières Nations notamment par la création d'espaces artistiques leur étant dédiés

- Encourager les artistes autochtones à produire dans leurs propres langues en ne les soumettant pas aux mêmes exigences en ce qui a trait au contenu culturel francophone.