Le Parti libéral du Québec (PLQ) a choisi un poète d'origine haïtienne qui entend bien se tenir loin des controverses, pour tenter de succéder au ministre David Heurtel dans Viau.

Frantz Benjamin, conseiller municipal du district Saint-Michel à Montréal depuis 2009, sera investi candidat du PLQ dans la circonscription multiethnique de Viau, une forteresse libérale du nord de l'île de Montréal, jeudi matin.

Sur les questions sensibles du racisme systémique et de l'appropriation culturelle, des thèmes avec lesquels il est familier depuis longtemps, il ne faut cependant pas s'attendre à voir M. Benjamin attiser la controverse ou adopter des positions tranchées, s'il est élu le 1er octobre.

M. Benjamin se décrit plutôt comme un homme modéré, prudent, à la recherche du dialogue, du consensus et du «vivre ensemble».

En entrevue téléphonique à La Presse canadienne, mercredi, il a donc refusé systématiquement de se prononcer sur l'annulation récente du spectacle en hommage aux chants d'esclaves, SLAV, à la suite des protestations de certains membres de la communauté noire qui y voyaient un cas inacceptable d'appropriation culturelle, et n'a pas voulu davantage commenter l'annulation, plus tôt cette année, de la consultation lancée par le gouvernement sur le racisme systémique.

«Je n'ai jamais été quelqu'un qui attise (la controverse). Au contraire», a convenu le futur candidat libéral, refusant de prendre parti ou d'afficher ses couleurs sur ces sujets qui le touchent de près.

«Je vais réserver mes commentaires» pour plus tard, dit le futur candidat, qualifiant de «complexe» un concept comme celui du racisme systémique, «ne serait-ce que sur la terminologie, c'est complexe».

«Il y a une pédagogie à faire», a-t-il ajouté, sans vouloir dire s'il fallait revenir à la charge pour mener une consultation sur le sujet.

Né en Haïti en 1970 et installé au Québec depuis 1986, il a été très actif dans les organismes de lutte au racisme, ayant coprésidé en 2003 le premier Groupe de travail à Montréal sur le profilage racial au Centre de recherche-actions sur les relations raciales (CRARR).

Il se dit «très heureux de vivre dans une société où nous pouvons avoir des débats contradictoires» sur les questions d'immigration, d'inclusion et de diversité culturelle, disant vouloir contribuer au débat, «qui n'est pas terminé», «de façon constructive».

Sur le plan de l'inclusion des immigrants et l'ouverture à la diversité culturelle, il voit le Québec comme une «société exemplaire», quoiqu'«imparfaite».

«Je suis né en Haïti, mais Saint-Michel c'est mon quartier d'adoption», confie le futur candidat, qui se décrit d'abord comme un poète et un écrivain. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont deux recueils de poèmes.

Le ministre David Heurtel, qui a choisi de ne pas solliciter un deuxième mandat, avait remporté une victoire écrasante en 2014, en accaparant 62 % du vote. La CAQ n'avait obtenu l'appui que de 9 pour cent des électeurs.