François Legault a passé l'éponge sur les investissements controversés du président de la Coalition avenir Québec (CAQ), Stéphane Le Bouyonnec, vendredi. Il admet que son candidat a commis une «erreur» et qu'il a contrevenu aux valeurs du parti, mais cela ne justifie pas son renvoi à ses yeux.

M. Legault a toujours martelé que la CAQ appliquerait une politique de «tolérance zéro» sur des questions d'intégrité. Mais le cas de M. Le Bouyonnec n'est pas de cette nature, a-t-il fait valoir vendredi.

«J'ai dit que c'était une erreur, a dit M. Legault. Je dis que ça ne fait pas partie des valeurs de la CAQ. J'ai dit que ce serait tolérance zéro en matière d'intégrité. Pour ce qui est de respecter les programmes et les valeurs, il faut se servir de son jugement: je ne pense pas que cette erreur mérite de congédier un candidat», a déclaré M. Legault.

M. Le Bouyonnec s'est trouvé dans l'embarras, jeudi, lorsqu'il a été révélé qu'il détient des intérêts dans une entreprise reconnue pour ses prêts consentis à des taux usuraires.

TechBanx, une société basée en Ontario, exige à ses clients des taux si élevés qu'ils seraient illégaux au Québec. M. Le Bouyonnec en était jusqu'à cette semaine actionnaire et membre du conseil d'administration.

Il a démissionné de ses fonctions au sein de l'entreprise, jeudi, après avoir été accusé par le Parti libéral et le Parti québécois de profiter des plus vulnérables de la société. Mais il entend rester président de la CAQ et candidat du parti dans La Prairie.

François Legault a confirmé qu'il était au courant que le président de son parti était administrateur de Techbanx. Mais il ignorait qu'il en était aussi actionnaire et il ignorait la nature des activités de l'entreprise.

«Il y a eu des meilleures journées qu'hier», a-t-il concédé en conférence de presse.

Bilan libéral

Dans sa conférence de presse de fin de session parlementaire, M. Legault n'a pratiquement pas parlé de la feuille de route de son parti dans les derniers mois. Il a plutôt dressé le bilan «des 15 dernières années libérales», et des quatre années du gouvernement Couillard.

Le chef caquiste a rappelé que Jean Charest a été élu sur la promesse d'éliminer l'attente dans le réseau de la santé, un problème qui persiste à ce jour.

Quant à Philippe Couillard, M. Legault lui a reproché d'avoir rompu trois promesses formulées lors de la dernière campagne électorale: il a haussé les tarifs de garderies, augmenté le prix des tarifs de l'électricité au-delà de l'inflation et augmenté les taxes scolaires dans certaines régions.

«Comment on peut croire les nouvelles promesses de Philippe Couillard en 2018 alors que ses trois principales promesses de 2014, il les a rompues, a-t-il dénoncé. C'est ça, le bilan de Philippe Couillard.»

Les sondages des derniers mois prédisent tous une victoire à la CAQ aux élections du 1er octobre. Mais M. Legault s'est bien gardé de sabrer le champagne. Tenir son avance pour acquise serait un grand danger, a-t-il prévenu.

D'ailleurs, il anticipe une «campagne de peur» du Parti libéral au cours des prochains mois.

«C'est un défi, a convenu M. Legault. Je le vois, c'est commencé, la campagne de peur: "François Legault est un raciste, François Legault est un brouillon, François Legault n'aime pas les femmes." À un moment donné, ça devient ridicule mais il y a peut-être des gens qui vont prendre ça au sérieux.»

Il entend rester actif tout au long de l'été. Il fera d'ailleurs une activité publique à Québec vendredi après-midi. Car la campagne électorale, «elle est déjà commencée».