Philippe Couillard s'est engagé lundi à défendre « coûte que coûte » l'économie québécoise, qu'il dit menacée par le bras de fer qui oppose le premier ministre fédéral Justin Trudeau et le président américain Donald Trump.

À son arrivée à l'Assemblée nationale, lundi, le premier ministre a dit prendre au sérieux les déclarations explosives formulées ces derniers jours par le président et son entourage.

« M. Trump lui-même et les gens autour de lui ont multiplié les déclarations qu'on peut qualifier d'agressives autour de l'économie du Québec, que ce soient les métaux, que ce soit la gestion de l'offre en agriculture », a convenu M. Couillard.

« Pour nous, ce sont des secteurs fondamentaux de notre économie, de notre société, a-t-il ajouté. Alors on va les défendre coûte que coûte, avec énormément de détermination. »

M. Couillard s'est rangé résolument derrière son homologue fédéral dans le bras de fer qui l'oppose au président américain.

« Je voudrais apporter mon soutien au premier ministre Trudeau, qui a répondu avec un mélange de fermeté, également sans faire de surenchère verbale, a déclaré M. Couillard. Je pense que dans l'état actuel des lieux, c'est ce qu'il faut faire. »

Le ministre des Finances, Carlos Leitão, a pour sa part qualifié d'«inacceptable» la manière dont l'administration Trump a traité M. Trudeau. Il a reconnu qu'une possible guerre commerciale avec les États-Unis constitue un enjeu « sérieux » qu'il compte suivre de près.

« C'est très dommage, mais on est rendus là, a dit M. Leitão. Par contre, je répèterais seulement ce que le président Macron a dit : M. Trump n'est pas éternel. »

Le PQ s'inquiète pour la gestion de l'offre 

Au Parti québécois (PQ), le chef Jean-François Lisée s'est dit inquiet lundi pour l'avenir du mécanisme de gestion de l'offre en agriculture. 

« On voit que le président Trump est obsédé par [cette question], alors que lui-même subventionne de façon éhontée l'agriculture américaine. (...) C'est le temps de dire à M. Trudeau qu'on n'acceptera aucun recul supplémentaire sur la gestion de l'offre », a affirmé le chef péquiste. De passage au Saguenay, avant le G7, Justin Trudeau a promis qu'il ne signerait pas un nouvel accord de libre-échange si le président américain attaquait ce système. 

Selon Jean-François Lisée, Donald Trump est déraisonnable et agit de façon instinctive. Dans ce contexte de crise, la chose à faire est « d'attendre que ça passe », a-t-il dit lundi, évoquant avec espoir les élections de mi-mandat qui auront lieu cet automne aux États-Unis.  

Pour Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Donald Trump est « un enfant qui occupe une fonction beaucoup trop exigeante pour ses capacités. »

« Ça relance le débat de fond sur ces accords de libre-échange. Comment fait-on pour les renégocier de manière plus juste ? Il y a deux attitudes à avoir : soit on se dit qu'il faut faire survivre un ALENA qui est passablement affaibli, soit on tourne la page [et] on repense de nouveaux accords internationaux plus justes, respectueux des démocraties et plus respectueux de l'environnement », a-t-il affirmé.  

Rappel d'un week-end mouvementé 

Le Sommet du G7 s'est terminé avec un revirement spectaculaire, samedi, lorsque Donald Trump a renié le communiqué final et qualifié sur Twitter le premier ministre canadien de « malhonnête » et de « faible ». Ses conseillers en ont rajouté une couche le lendemain, l'un d'eux allant même jusqu'à dire qu'il y a « une place spéciale en enfer » pour M. Trudeau.

À Ottawa, la classe politique s'est ralliée derrière M. Trudeau. Même l'ancien premier ministre conservateur, Stephen Harper, a déclaré que les États-Unis se trompent de cible en s'en prenant au Canada.

Washington a annoncé fin mai que le Canada, le Mexique et l'Union européenne seront frappés de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium. Ce développement suivait après des mois de renégociation de l'ALENA.