Sans opposition à son investiture malgré un départ chaotique en politique active, l'ex-chroniqueur de La Presse Vincent Marissal se donne pour défi, d'ici la campagne électorale, de «lutter contre les caricatures qui collent à la peau de Québec solidaire» et de démontrer que sa formation politique n'est pas une «excroissance du Parti québécois» composée de «brebis égarées».

«On ne pourra pas m'accuser d'être un opportuniste. Je n'ai pas pris le chemin le plus court pour arriver en politique», a lancé l'ex-journaliste devant une cinquantaine de membres du parti réunis dans un bar de Rosemont. 

«On m'a dit : ‟Tu peux être ministre n'importe où, veux-tu bien me dire ce que tu fais à QS?" Bien justement, moi, être ministre, ce n'est pas la première de mes ambitions. On ne fait pas un geste comme celui-là si on n'a pas de profondes ambitions à défendre», a ajouté M. Marissal, tout en reconnaissance ne pas avoir «toujours écrit des choses gentilles» sur le parti. «Un gars a le droit de changer d'idée dans la vie et de voir qu'il y a une offre politique différente. Je partage ces valeurs», a-t-il assuré.

«Sevrer les écoles privées»

En entrevue, Vincent Marissal a dit adhérer entièrement à plusieurs des positions de Québec solidaire, dont l'idée de «sevrer les écoles privées du financement public». Reconnaissant qu'il a lui-même une fille inscrite à l'école privée - «c'est, justement, une chose qui regarde ma vie privée», a-t-il plaidé -, il a expliqué qu'il n'était pas nécessairement d'accord avec ce choix familial au départ.

« J'aurais préféré ne pas avoir ce débat-là avec ma fille et sa mère. Mais on est dans un contexte où, particulièrement à Montréal, on a le choix entre une école publique assez déprimante, qui donne l'impression que d'y envoyer un enfant est une punition ou une calamité, parce qu'on y a sous-traité des générations d'enfants vers des écoles privées qu'on finance à 70%. Ça crée des clivages dans le corps professoral, parce qu'il y a des écoles qui ont plein de moyens que d'autres n'ont pas», a-t-il commenté. 

«D'ailleurs, la province voisine, l'Ontario, qui n'est pas exactement une république socialiste, n'a jamais subventionné l'école privée», a-t-il ajouté pour souligner que la position de son parti sur la question n'est pas radicale. 

M. Marissal a dit aussi partager les positions de Québec solidaire prônant la création de sociétés d'État pour exploiter les mines et les ressources naturelles. «Ce que je trouve ridicule, c'est qu'on se fasse arnaquer par des grandes firmes internationales qui prennent nos terres rares et nos ressources naturelles, puis qui repartent en nous laissant la facture pour nettoyer», a-t-il justifié.

Départ pénible

Devant ses supporteurs, l'ex-journaliste a reconnu que les quatre dernières semaines avaient été pénibles pour lui. M. Marissal a eu un départ difficile en politique, se faisant accuser d'avoir menti en démentant des informations voulant qu'il ait aussi eu des discussions avec le Parti libéral du Canada avant de choisir de rejoindre les rangs de Québec solidaire. «Il est troublant de voir tous ces oracles, ces médiums, qui pour la plupart ne me connaissent pas, sortir de nulle part et brosser des portraits de moi-même en me faisant toutes sortes de procès d'intention», a-t-il lancé. 

En expliquant qu'il compte mener une campagne très active sur le terrain, Vincent Marissal a d'ailleurs souligné avoir été courtisé par Valérie Plante et son équipe dès juillet dernier, alors que la future mairesse recrutait des candidats en vue des élections. «Quand on prenait des cafés sur la rue Masson, Valérie Plante disait que personne ne la connaissait. Quatre mois plus tard, elle était mairesse de Montréal, justement parce qu'elle a mené une campagne de tous les instants», a souligné M. Marissal à l'intention de ses supporteurs.

François Saillant, un des militants de la première heure de Québec solidaire et candidat à plusieurs reprises dans Rosemont, croit que la candidature de M. Marissal va permettre au parti de «briser avec l'impression que Québec solidaire n'est qu'un parti d'extrême gauche». «On couvre tout le spectre de la gauche, mais on a toujours été catégorisés comme extrémistes. Ça n'a jamais correspondu à la réalité. Son arrivée nous permet d'élargir la perception qu'ont les gens», a-t-il commenté.

Carole Laberge, une autre militante, estime pour sa part que M. Marissal partage clairement les valeurs du parti. «Il a reconnu que ça fait 10 ans que le parti se construit, et qu'il ne veut pas tout chambouler. Il embarque dans le bateau tel qu'il est. Pour nous, c'est important», a-t-elle dit.