La montée de la Coalition avenir Québec (CAQ) est-elle terminée? Le parti de François Legault marque le pas dans la dernière enquête réalisée pour La Presse par la maison Ipsos.

Pour l'heure, des élections cette semaine auraient donné un gouvernement caquiste, à quelques sièges d'une majorité. Mais à cinq mois des élections générales, pour le sondeur, une question centrale reste sans réponse : la CAQ a-t-elle monté trop tôt?

Avantage CAQ

Menée du 29 avril au 2 mai, auprès de 2001 internautes, l'enquête d'Ipsos observe que la CAQ obtient 35% des intentions de vote, un point de mieux qu'en février. Les deux plus récents sondages Léger montraient la CAQ en baisse, passant de 39% jusqu'à 34% en avril.

Selon Ipsos, le Parti libéral du Québec (PLQ) obtient 32% des intentions de vote, une hausse de deux points par rapport à son enquête de février. Le PQ glisse à 20%, un recul de trois points, et Québec solidaire (QS) marque le pas à 8%.

Trop tôt?

La question reste entière pour le sondeur Sébastien Dallaire, vice-président d'Ipsos : cinq mois avant le scrutin, la Coalition avenir Québec a-t-elle monté trop vite dans les intentions de vote? «La CAQ était montée très vite, elle ne recule pas, mais l'enthousiasme s'est peut-être estompé. On se souvient qu'en 2015, sur la scène fédérale, le NPD était en avance un bon moment avant les élections, et qu'il a finalement été devancé par les libéraux», observe M. Dallaire.

Avec les résultats de cette enquête, la CAQ est à coup sûr portée au pouvoir, et il ne lui manquerait pas beaucoup de sièges pour être majoritaire, risque le sondeur.

Appui des francophones

C'est l'avance de la CAQ chez les francophones qui lui ouvre la porte du pouvoir. Elle décroche l'appui de 41% des électeurs francophones, un point de mieux qu'en février.

Le Parti québécois (PQ) glisse de cinq points chez les francophones, passant de 29% à 24%. La cote des libéraux s'améliore de deux points par rapport à février, avec 20% des intentions de vote. La situation ne bouge pas pour QS.

Désir de changement

Surprise, la volonté de changement des Québécois est en léger recul. Cette question névralgique pour prédire qui formera le prochain gouvernement permet de constater que 57% des répondants estiment le moment venu de changer de gouvernement, contre 25% qui favorisent le statu quo.

La proportion de gens favorables au changement diminue de 4% par rapport à février.

Par ailleurs, la satisfaction à l'endroit du gouvernement reste très faible, à 29%. Pas moins de 60% des électeurs sont mécontents  - les «très insatisfaits» sont sept fois plus nombreux que les «très satisfaits».

Le PQ troisième à Montréal

Surprise du sondage, le Parti québécois glisse clairement en troisième place dans l'île de Montréal. Les libéraux sont toujours en avance avec 47% d'appuis, mais c'est la CAQ qui arrive désormais deuxième avec 22%.

Le PQ doit se contenter de 16% d'appuis à Montréal. Lors de l'enquête de février, la CAQ et le PQ étaient au coude-à-coude à Montréal.

La CAQ règne à Québec

Dans la région de la capitale nationale, la CAQ règne sans partage. Pas moins de 55% des répondants appuient le parti de François Legault.

Loin derrière, les libéraux sont à 18%, cinq points devant le PQ. Québec solidaire ferme la marche avec 7% d'appuis.

La couronne de Montréal

Dans la couronne de Montréal, «la CAQ est en voie de remporter plusieurs sièges», estime M. Dallaire. La CAQ, avec 36% d'intentions de vote, devance le PLQ (29%) et le PQ (23%). Mais son avance auprès des francophones lui permet d'espérer des gains dans le 450 francophone.

Luttes à deux

Dans les régions, on assiste à des luttes entre deux partis et partout, la CAQ est en bonne position. Dans le nord et l'est du Québec, la CAQ est à égalité avec le PQ, avec respectivement 33 et 32% d'intentions de vote - le PLQ est loin derrière avec 22%. QS est à 10%.

«La CAQ a encore du travail à faire en région», observe M. Dallaire. Dans le sud de la province, c'est un duel entre la CAQ et le PLQ, à 37% contre 32%. Le PQ est troisième avec 19%. Ici, QS n'a que 6%.

Legault en avance

François Legault est toujours en avance comme «meilleur premier ministre», une question où il devance clairement Philippe Couillard (27% contre 20%). En octobre 2017, M. Legault avait obtenu 23%, et son adversaire libéral était déjà à 20%.

Mauvaise nouvelle pour Jean-François Lisée, qui glisse à seulement 11% de popularité, une perte de trois points par rapport à octobre dernier.

L'arrivée de Marissal

Il y avait eu un «effet Gabriel Nadeau-Dubois», il n'y a pas d'«effet Vincent Marissal». L'arrivée du nouveau candidat de QS dans Rosemont n'a pas changé la perception des gens à l'endroit du tiers parti. Huit électeurs sur dix soutiennent que cette recrue ne change rien à leur opinion de QS; pour 12%, cela a joué en défaveur du parti.

En revanche, chez les électeurs QS, cette recrue est une nouvelle qui mobilise. Ainsi, 31% des sympathisants de QS se disent favorables à cette arrivée. La nouvelle recrue suscite un clivage au PQ : 18% de ses sympathisants voient QS d'un meilleur oeil avec Vincent Marissal, alors que 17% sont d'avis contraire.

Souveraineté

La souveraineté piétine dans ses plus bas niveaux historiques : 31% des répondants auraient appuyé le Oui à un référendum cette semaine, contre 69% pour le Non. En données brutes (avant répartition des indécis), le Oui récolte 25% d'appuis, contre 55% d'adversaires. Les indécis atteignent 20% et, souvent, ils basculent du côté du statu quo le jour du vote, observe M. Dallaire.

Aussi, fait à signaler, avant répartition des indécis, seulement 68% des électeurs péquistes appuient la souveraineté. C'est le cas de 41% des électeurs de QS et du quart de ceux de la CAQ.

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MÉTHODOLOGIE

Un total de 2001 adultes de la province ont pris part à ce sondage réalisé par internet du 29 avril au 2 mai 2018. Un tel échantillon nous permet de mieux comprendre la dynamique des intentions de vote dans les différentes régions du Québec. Une pondération a été appliquée à l'échantillon total en fonction de l'âge, du sexe, de la région, du niveau d'éducation et de la langue pour assurer que la composition de l'échantillon final soit représentative de la population adulte du Québec selon les données du recensement de Statistique Canada. En raison du caractère non probabiliste des sondages faits à l'aide de panels internet, Ipsos n'applique pas de marge d'erreur globale à ce sondage. La précision des sondages en ligne d'Ipsos est plutôt mesurée par un intervalle de crédibilité. Le présent sondage est précis à ± 2,5%, dans 19 cas sur 20. Cet intervalle de crédibilité est plus grand pour les sous-groupes de la population.