La députée de Québec solidaire, Manon Massé, a minimisé mardi des déclarations du candidat Vincent Marissal, qui s'est dit à l'aise avec le port de signes religieux par des policiers alors que le parti s'y oppose.

Le candidat à l'investiture dans Rosemont a déclaré sur les ondes de Radio X qu'il « n'y a rien qui dit que tu n'es pas neutre parce que tu as un turban ».

Cette opinion va à l'encontre de la position officielle de Québec solidaire, qui milite pour l'interdiction des signes religieux pour les fonctionnaires en position d'autorité.

Mme Massé estime que cette recommandation de la commission Bouchard-Taylor est le « nécessaire compromis politique » qui permettra d'en finir une fois pour toutes avec l'explosif débat identitaire.

Mais du même souffle, elle assure ne voir aucun problème avec les commentaires de son candidat.

« Ce que lui ressent personnellement quand il dit ''moi, ça ne me dérangerait pas'', versus le positionnement politique nécessaire pour faire avancer et tourner la page de ce débat-là, ce sont deux choses, a-t-elle déclaré. Et M. Marissal est totalement en phase avec la position de Québec solidaire. »

« Droit de dissidence »

Selon Mme Massé, il est normal que tous les membres d'une même formation politique n'aient pas exactement la même opinion sur chaque enjeu. La « dissidence » peut d'ailleurs s'exprimer au sein de Québec solidaire, a-t-elle indiqué.

« Le droit de dissidence à Québec solidaire, ça existe, ça s'exprime dans un cadre défini par le parti, et ce n'est pas dramatique parce que les blocs monolithiques, ce n'est pas vivant, a dit Mme Massé. Puis de faire taire du monde qui ne pensent pas exactement comme toi, ce n'est pas l'expression d'une vie démocratique saine. »

Une autre candidate à l'investiture solidaire, Ève Torres, a défrayé la chronique au cours des derniers jours. Si elle était élue, elle deviendrait la première femme à porter un voile à l'Assemblée nationale.

Avant de faire le saut en politique, Mme Torres était porte-parole du Conseil national des musulmans canadiens. Cet organisme pilote un recours en justice contre la loi sur la neutralité religieuse, qui force les citoyens à offrir et recevoir des services publics à visage découvert.

Encore là, Mme Massé a assuré que la candidate adhère aux positions de Québec solidaire.

« Mme Torres considère aussi que, dans le débat politique actuel, Bouchard-Taylor, c'est le compromis. On parle d'un compromis. »

Le PQ et la CAQ ciblent Couillard 

Le thème de l'identité a également nourri mardi l'opposition officielle et le deuxième groupe d'opposition à l'Assemblée nationale. Tant le PQ que la CAQ ont vivement critiqué Philippe Couillard, qui a affirmé lundi à Montréal que son gouvernement «va maintenant de l'avant avec les véritables enjeux - les véritables enjeux des véritables citoyens du Québec», selon ce que rapporte le Journal de Québec. 

«Je suis écoeuré d'entendre le premier ministre regarder de haut la population en leur disant ''parce que vous ne pensez pas comme moi, vous n'êtes pas des vrais Québécois''», s'est indigné François Bonnardel, leader parlementaire de la CAQ.  

«Monsieur Couillard, depuis plusieurs années, est constamment sur le bord de l'irrespect des Québécois. Hier, il a traversé une frontière», a pour sa part martelé le chef péquiste, Jean-François Lisée, qui promet de faire adopter «une loi sur les règles du vivre ensemble» d'ici à l'été 2019, s'il est élu.

Pour Stéphanie Vallée, ministre de la Justice, qui a piloté l'adoption de la loi sur la neutralité de l'État, « à un moment donné, il faut cesser d'avoir peur de l'autre. »

« Actuellement, ces débats-là ne font qu'attiser les différences entre les citoyens du Québec. Moi, j'ai vu cette semaine, j'ai vu ce week-end les commentaires qui étaient formulés sur les réseaux sociaux. C'est désolant », a-t-elle dit.

- Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse