Un consensus politique prend forme à l'Assemblée nationale quant à la nécessité de doter le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) de nouveaux pouvoirs pour enquêter sur la collecte de données personnelles.

Les trois partis de l'opposition à l'Assemblée nationale ont confirmé, hier, leur appui à l'idée de modifier la Loi électorale pour renforcer les pouvoirs d'enquête du DGEQ, Pierre Reid. Le gouvernement Couillard s'était déjà prononcé en faveur d'une telle mesure en fin de semaine.

Le député du Parti québécois, Sylvain Pagé, a appelé l'ensemble de la classe politique québécoise à agir rapidement dans la foulée du scandale Facebook-Cambridge Analytica.

« Avec tout ce qu'on entend, de plus en plus, des nouveaux moyens électroniques qui peuvent être mis à la disposition de différentes organisations, de différents partis politiques, je crois que sa demande est tout à fait justifiée », a dit M. Pagé.

La Coalition avenir Québec s'est, elle aussi, montrée favorable à la proposition qui sera bientôt discutée au sein d'un comité consultatif du DGEQ qui rassemble les quatre partis représentés à l'Assemblée nationale.

« On va se rendre là en mode écoute et discussion, a indiqué le porte-parole de l'aile parlementaire du parti, Samuel Poulin. Comme on l'a déjà dit, on n'a aucun problème à ce que le DGEQ enquête sur la collecte de données. »

Québec solidaire (QS) a abondé dans le même sens, mais avec un bémol. Le député Gabriel Nadeau-Dubois a souligné que M. Reid n'aura pas le temps de terminer son enquête avant les élections du 1er octobre.

M. Nadeau-Dubois souhaite donc que tous les partis politiques montrent patte blanche. Il avait tenté deux fois de faire adopter une motion pour que chaque formation dévoile ses contrats avec des firmes qui font du traitement de données. Les libéraux ont battu l'initiative chaque fois.

« À QS, nous sommes prêts à représenter notre motion en chambre si, cette fois, le PLQ est prêt à s'engager sur la voie de la transparence », a indiqué M. Nadeau-Dubois.

Dans les jours qui ont suivi l'éclosion du scandale Facebook-Cambridge Analytica, le DGEQ a d'abord refusé d'enquêter sur l'usage des renseignements personnels par les partis politiques.

Une semaine plus tard, M. Reid a écrit aux quatre partis à l'Assemblée nationale pour clarifier son point de vue. Il propose de mener des vérifications, à condition qu'une loi spéciale lui donne de nouveaux pouvoirs d'enquête.

Cette proposition a tout de suite reçu l'aval de la ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Kathleen Weil.

CHANGEMENTS CHEZ FACEBOOK

Ces rebondissements surviennent alors que Facebook multiplie les annonces dans la foulée du scandale qui met en cause le résultat de plusieurs élections un peu partout sur la planète.

L'entreprise a annoncé, hier, la mise sur pied d'une « commission » qui réunira des chercheurs universitaires. Le groupe sera chargé de coordonner des études sur les effets des réseaux sociaux sur la société et la vie politique.

Le grand patron de Facebook, Mark Zuckerberg, témoignera aujourd'hui à la Chambre des représentants. Selon des notes rendues publiques hier, il doit endosser la responsabilité personnelle des « erreurs » de son entreprise, qui n'a pas su anticiper les mauvais usages de ses ressources.

- Avec l'Agence France-Presse