Les 18 500 professionnels du gouvernement toucheront des augmentations salariales plus élevées que les autres fonctionnaires : 12,5 % en cinq ans, auxquelles s'ajoutent des montants forfaitaires. « Et c'est un minimum », selon leur syndicat.

Québec a annoncé le 23 mars dernier la conclusion d'une entente de principe avec le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), l'un des rares groupes d'employés avec qui il ne s'était toujours pas entendu. Le contenu de l'accord, qui doit être soumis à l'approbation des membres, n'avait pas été rendu public.

Le président du SPGQ, Richard Perron, en a présenté les grandes lignes au cours d'un entretien avec La Presse, hier.

Pour 90 % des membres répartis dans une vingtaine de catégories d'emploi, l'entente prévoit des augmentations de salaire de 12,5 % en cinq ans, a-t-il expliqué. Un peu moins de 10 % des syndiqués auront droit à plus, jusqu'à 25 %. Enfin, un petit contingent (1 %) touchera 11,5 %.

« Le gouvernement se donne les moyens de se rebâtir une expertise professionnelle », comme le recommandait la commission Charbonneau, a fait valoir Richard Perron.

Ces hausses salariales sont supérieures à celles prévues à l'entente du front commun syndical représentant 400 000 employés de l'État. Selon cet accord conclu en décembre 2015, ils ont droit à des augmentations de 7,65 % en cinq ans. Ils ont également obtenu des montants forfaitaires équivalant à 1,5 % du salaire. Les professionnels du gouvernement les toucheront eux aussi.

« On n'a pas été déterminés et on n'a pas résisté tout ce temps-là pour rien ! », a lancé M. Perron. Le contrat de travail était échu depuis 2015. Les membres du SPGQ ont fait une grève « de soir et de fin de semaine » pendant plus d'un an avant de s'entendre avec le gouvernement.

Le chef syndical insiste : les augmentations de 12,5 % sont « un minimum ». Car parmi elles, Québec s'est engagé à verser « au moins 2 % » en 2020 afin de réduire l'écart avec les professionnels d'autres administrations publiques québécoises, comme les grandes villes et les universités. Les deux parties se sont entendues pour créer un comité, présidé par une personne indépendante, en vue de chiffrer cet écart.

« Le gouvernement commence à faire un rattrapage [...]. Mais on compte aller chercher beaucoup plus parce que notre écart, ce n'est pas 2 %, c'est 23 % », a soutenu M. Perron. Il donne l'exemple de la Ville de Montréal, qui vient d'ouvrir des postes d'analyste en procédés informatiques. « Les salaires au top [de l'échelle], c'est 126 000 $ par année. C'est 76 000 $ au gouvernement pour la même job ! »

Autre gain syndical : Québec a accepté de rembourser aux syndiqués les cotisations à leur ordre professionnel, lorsque leur poste exige d'en être membre. « Aux dires des représentants du Conseil du trésor, on a fait une brèche historique. Le gouvernement n'a même pas donné ça aux ingénieurs ! Il ne voulait rien savoir, mais on a été capables de convaincre le ministre Pierre Arcand », a affirmé M. Perron.

Comme les autres fonctionnaires, les professionnels ont fait des concessions dans le régime de retraite et les congés de maladie.

Les membres du SPGQ sont, par exemple, comptables, actuaires, architectes, biologistes, arpenteurs-géomètres et agronomes.