Le critique en matière de transports de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Benoît Charette, en appelle à un «changement de culture» en profondeur et au renforcement de l'expertise interne du gouvernement pour réduire le déficit d'entretien des infrastructures routières, qui frôle maintenant les 15 milliards.

Le député caquiste de Deux-Montagnes réagissait ainsi au dossier publié jeudi, dans La Presse+, qui rapportait que la moitié du réseau routier du Québec, qui s'étend sur plus de 30 000 kilomètres, est jugé en «mauvais» ou «très mauvais» état.

Selon des données du Plan québécois des infrastructures, rendu public mardi dernier, le déficit d'entretien des ponts et chaussées s'est creusé de plus de 2 milliards, l'an passé seulement, et ce, même si le gouvernement investit chaque année plus de 2 milliards dans l'amélioration et l'entretien des routes et des ponts du Québec. 

Selon M. Charette, tous les projets de nouvelles constructions routières devraient désormais s'accompagner de prévisions budgétaires conséquentes afin d'assurer l'entretien préventif de ces nouvelles infrastructures.

«L'entretien des routes a été négligé pendant des décennies, au Québec, a-t-il affirmé jeudi dans un entretien avec La Presse. Il y a un rattrapage très important à réaliser, et on ne doit pas s'attendre à ce que ça se fasse sur une année. Mais si on ne peut pas retourner dans le passé, on peut apprendre de ses erreurs et prévoir d'avance les budgets pour l'entretien futur des infrastructures, et ne pas retomber dans le même piège qu'avant.»

De plus, le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transport doit augmenter ses effectifs internes pour être en mesure d'imposer son autorité sur les chantiers et améliorer sa gestion et son suivi des contrats externes afin de s'assurer d'une plus grande qualité des travaux réalisés par les entreprises de construction. 

Des infrastructures sécuritaires

Le ministre des transports, André Fortin, a estimé hier que les données tirés du Plan québécois des infrastructures ne sont pas «une grande surprise pour personne», mais qu'il y a lieu d'améliorer l'entretien et l'état des routes au Québec.

«La programmation routière que nous avons déposée il y a quelques semaines fait état d'une augmentation de budget de 4,6 à 4,8 milliards pour les deux prochaines années», a fait valoir M. Fortin.

À savoir s'il vaudrait mieux commencer par réparer les routes existantes avant d'en construire de nouvelles, comme le suggérait hier le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, le ministre Fortin s'est montré plus réservé. «Il faut tenir compte de la démographie qui change, au Québec, et qui fait qu'il y a des secteurs qui ont besoin d'être mieux desservis».

Le ministre des Transports a insisté sur le fait «qu'on ne parle pas de sécurité ici. Les infrastructures du Québec, ce sont des infrastructures sécuritaires. Il y a des inspections qui sont faites de façon assidue pour assurer leur sécurité. On parle davantage de confort de roulement. Il faut l'améliorer. On peut s'améliorer, on doit se donner les moyens de le faire, et c'est ce qu'on a fait.»

Selon les données rendues publiques mardi, le manque-à-gagner pour l'entretien des routes et des ponts qu'on établit à 14,7 milliards, représente pas moins de 70% du déficit total de maintien des actifs pour l'ensemble des infrastructures gouvernementales (écoles, hôpitaux, barrages, équipements municipaux, etc.) au Québec.

-Avec la collaboration de Martin Croteau