La crise qui secoue le Bloc québécois témoigne de « l'affaiblissement majeur » du mouvement indépendantiste, a affirmé jeudi le premier ministre Philippe Couillard.

De passage à Stoneham pour visiter une microbrasserie, le premier ministre n'a pas voulu commenter directement la démission fracassante de sept députés bloquistes mercredi. Il y voit néanmoins la manifestation d'un phénomène plus large.

« Ce que ça révèle, au-dessus de tout, ce n'est pas tellement le parti lui-même, a indiqué M. Couillard. C'est l'affaiblissement majeur de cette idée politique qui est l'indépendance du Québec. »

Mercredi, sept des dix députés bloquistes ont claqué la porte du caucus en dénonçant l'intransigeance de la chef Martine Ouellet. Mme Ouellet siège toujours à l'Assemblée nationale comme députée indépendante.

La crise qui secoue le parti indépendantiste fédéral a été suivie de près à Québec. Le Parti québécois a qualifié la situation de « triste », mercredi, déplorant l'affrontement entre partisans d'une même cause.

Pour M. Couillard, c'est justement la cause indépendantiste qui est en recul.

« On le voit chez nous, ça a de moins en moins de traction, a-t-il dit. Les gens sont beaucoup moins intéressés. C'est une des manifestations de ce phénomène à laquelle on assiste, au-delà des personnes et des partis. »

La situation se dégrade à Ottawa

La situation continue d'ailleurs de se dégrader pour le Bloc québécois et ses sept députés démissionnaires.

Ces derniers n'ont plus accès depuis mercredi à la liste des membres de leur circonscription, ce qui les empêche de communiquer avec eux.

Il ne s'agit pas de représailles, selon le président du parti et député Mario Beaulieu, qui fait valoir en entrevue qu'il ne pourra y avoir deux caucus du Bloc québécois. Il les enjoint à clarifier leur position.

Le député Louis Plamondon avait soutenu la veille qu'il quittait la chef Martine Ouellet, mais pas le Bloc québécois.

Le bureau national du Bloc québécois, qui devra décider samedi s'il expulse les sept députés, continue d'appuyer le leadership de Mme Ouellet même si les voix qui réclament son départ se multiplient.

Mario Beaulieu, qui espère toujours pouvoir rallier ces députés, leur reproche du même souffle de ne pas respecter la volonté des militants en exigeant la démission de la chef bloquiste et en refusant de placer l'indépendance à l'avant-plan de leurs interventions.

Le ton est rapidement monté à la suite de leur départ mercredi. La présidente du Forum jeunesse du Bloc québécois, Camille Goyette-Gingras, a intimé le député Louis Plamondon à démissionner de son siège à la Chambre des communes dans un gazouillis mercredi soir. Elle l'a effacé jeudi matin et a offert ses excuses.

En entrevue, Louis Plamondon ne s'en est pas formalisé. Les sept députés se sont rencontrés mercredi soir et forment toujours un front uni, a-t-il réitéré.

- Avec La Presse canadienne