Philippe Couillard se dit conscient du court délai dont il dispose avant que Bombardier procède à des licenciements à son usine de La Pocatière. Il confirme du même coup les informations de La Presse, qui dévoilait vendredi que le gouvernement envisage d'accélérer le remplacement des voitures du métro de Montréal pour assurer du «travail en continu» pour les travailleurs du Bas-Saint-Laurent.

«C'est une hypothèse fort intéressante parce que l'usine de La Pocatière est faite pour ça. (...) Je me suis engagé auprès des travailleurs de faire tout en mon possible pour leur trouver de l'ouvrage. C'est à eux que je pense», a affirmé le premier ministre du Québec, qui effectue ces jours-ci à Washington une mission économique conjointe avec l'Ontario pour faire la promotion du libre-échange. 

Au cours de l'automne, Bombardier pourrait suspendre temporairement 300 des 600 employés de son usine de La Pocatière, alors que les travailleurs complètent actuellement la première phase de construction des nouvelles voitures de métro Azur. Il y a quelques années, le remplacement des voitures de métro qui ont été mises en service dans les années 70 a été repoussé en 2036. Philippe Couillard dit avoir récemment discuté de l'enjeu avec la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et souhaite pouvoir faire une annonce au cours des prochaines semaines. 

«Plein d'opportunités» pour les travailleurs de Bombardier 

Or, ce potentiel nouveau contrat entre Bombardier et la Société de transport de Montréal (STM) n'est pas le seul projet dans la mire du chef du Parti libéral pour assurer du travail dans l'usine du Bas-du-Fleuve. À Québec, Philippe Couillard a récemment rencontré le maire Régis Labeaume, a-t-il confirmé vendredi, qui lui a présenté les détails de son projet de transport en commun pour la capitale. 

«Il y aura plein d'opportunités pour les travailleurs de Bombardier (...). Par exemple, le projet de mobilité de Québec, [mais aussi] des projets de mobilité qu'on voudra développer pour la couronne nord de Montréal et pour la couronne sud», a-t-il affirmé.

À Québec, l'enjeu de la mobilité et du transport en commun est au coeur du débat politique municipal, alors que Régis Labeaume s'est fait réélire l'automne dernier en promettant un système de transport en commun structurant, qui s'est depuis son élection précisé en un projet de tramway. Le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, a d'ailleurs lancé quelques flèches à l'endroit de M. Labeaume ces derniers jours, l'accusant de faire de la désinformation dans le dossier de la construction d'un troisième lien routier entre les deux villes, un autre enjeu qui fait régulièrement la manchette dans la capitale. M. Lehouillier affirme que le projet de transport en commun du maire de Québec semble obtenir un traitement de faveur de la part du gouvernement.

«Je vais m'attendre à ce que le gouvernement se donne la même discipline pour l'implantation d'un tramway qu'il se donne pour l'implantation d'un troisième lien», a déclaré le maire de Lévis, selon ce que rapportent les médias de Québecor. 

«Il faut faire les deux à la fois. Les deux ont leur logique, mais ce n'est pas vrai qu'il n'y aura pas de transport collectif», a répondu depuis Washington le premier ministre Philippe Couillard, alors que le dossier du troisième lien est central pour ses députés de la région de Québec, la Coalition avenir Québec promettant d'en commencer la construction coûte que coûte au cours d'un premier mandat. 

«Je suis favorable au développement d'un système de transport collectif moderne, confortable et électrique pour les gens de Québec. Une capitale doit avoir ce genre de ressources. Je crois également qu'il y a des justifications pour un troisième lien, mais [contrairement] à ce que dit François Legault, il n'y a absolument aucune étude qui dit d'où [on doit le faire partir], où ça va, il y a combien de monde, pourquoi on le ferait, combien ça va coûter. Il faut faire les choses dans l'ordre», a dit M. Couillard.

Précision

Une première version de ce texte mentionnait que le maire de Québec, Régis Labeaume, s'était fait réélire l'automne dernier en promettant la construction d'un tramway. Or, lors de la campagne électorale, M. Labeaume faisait plutôt référence à un projet structurant de transport en commun. Le scénario voulant que ce projet soit un tramway s'est précisé après son élection. Le présent texte a été corrigé en conséquence.