Philippe Couillard juge qu'il «n'est pas raisonnable» d'investir des fonds publics pour mener des études sur l'ascension du Québec à la souveraineté, comme promet de faire le Parti québécois, alors que «l'indépendance du Québec revient clairement à l'avant-scène» pour les péquistes, affirme-t-il.

De passage ces jours-ci à Washington dans le cadre d'une mission économique conjointe avec l'Ontario, le premier ministre du Québec a salué le retour en politique active de Jean-Martin Aussant, un ancien député péquiste et fondateur d'Option nationale. 

«C'est un acteur politique important, c'est un homme articulé qui va participer au débat démocratique», a noté M. Couillard, ajoutant que cet ajout à leur équipe (on ne sait toujours pas dans quelle circonscription M. Aussant se présentera aux prochaines élections) marquait un retour de l'indépendance comme une «priorité» au PQ.

En mêlée de presse, le chef du Parti libéral a également profité de l'occasion pour attaquer François Legault, qu'il invite à dire «clairement sur quel pied il danse». 

«Il ne dit jamais qu'il aime le Canada. Il tolère le Canada», a critiqué Philippe Couillard au sujet du chef de la Coalition avenir Québec. 

«Les gens qui croient au Canada et qui sont avec M. Legault se font berner. François Legault ne croit pas vraiment au Canada», a martelé M. Couillard.

Le directeur des relations avec les médias de la CAQ, Guillaume Simard-Leduc, a rapidement rétorqué vendredi que le premier ministre «est paniqué devant le fait que l'élection d'octobre se jouera sur une autre question que la souveraineté», a-t-il écrit dans un courriel qu'il a envoyé à La Presse.

«M. Couillard a de la difficulté à accepter que les libéraux sont en fin de régime. Nous aurions souhaité que la visite à Washington du premier ministre serve à discuter d'économie et de commerce avec les États-Unis. Mais même à l'international, Philippe Couillard est obsédé par l'idée d'attaquer François Legault. Ça en dit long sur ce qui lui reste à offrir aux Québécois», a-t-il écrit.

Si le premier ministre estime qu'il «n'est pas raisonnable» d'investir des fonds publics pour mener des études sur la souveraineté, la situation est différente, a-t-il dit, en ce qui concerne la tournée du leader parlementaire Jean-Marc Fournier, qui fait depuis juin dernier la promotion de la politique d'affirmation du Québec intitulée «Québécois, notre façon d'être Canadiens».

«Ça, ce n'est pas une option politique, c'est la réalité. Nous, on travaille dans la réalité, [et] la réalité des Québécois, ce n'est pas le monde d'illusions prôné par certains, c'est qu'on est dans la fédération canadienne. On a intérêt aujourd'hui à travailler pour une meilleure unité et pour faire entendre notre voix», a-t-il répondu.

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, n'a pas tardé à réagir. 

« C'était raisonnable pour Robert Bourassa, mais ça ne l'est pas pour Philippe Couillard? Il trouve raisonnable de consacrer des sommes à son projet de réforme du fédéralisme et affirme que ce projet est une "réalité". J'ai l'impression que Justin Trudeau est en désaccord avec lui », a-t-il affirmé.