Jean-François Lisée a ouvert plusieurs portes pour favoriser le retour de Jean-Martin Aussant. Il a même fait volte-face en ouvrant finalement celle de l'utilisation de fonds publics pour promouvoir la souveraineté. 

Jean-Martin Aussant sera chargé d'un secrétariat dont le mandat sera de « donner l'état des lieux » ou de mettre à jour des études sur l'accession du Québec à la souveraineté dans un gouvernement du Parti québécois, a annoncé le chef Jean-François Lisée, jeudi, en conférence de presse.

Il a expliqué que différents gouvernements avaient produit de telles études : ceux de René Lévesque, de Robert Bourassa, de Jacques Parizeau et de Bernard Landry.

Quel en sera le prix ? Quelque chose entre la mise à jour de 600 000 $ en 2003 et la série d'études de 4,3 millions en 1995, a-t-il avancé.

Par ailleurs, Jean-Martin Aussant sera également le conseiller de M. Lisée et de la vice-cheffe, Véronique Hivon, dans les dossiers touchant la métropole et l'entrepreneuriat privé et collectif. 

Cela dit, M. Aussant, un partisan d'un référendum dès le premier mandat, a aussi mis de l'eau dans son vin. En réintégrant l'équipe, il accepte la stratégie du PQ d'attendre au deuxième mandat. Il avait quitté le parti sur cet enjeu.

« C'est le seul parti qui a été fondé sur l'idée même de faire du Québec un État souverain, a-t-il dit. Et c'est le seul parti qui propose une démarche claire. »

De plus, M. Aussant se présentera aux élections du 1er octobre prochain. Mais le choix de la circonscription n'est pas encore fixé.

GRANDE COALITION

« L'heure est au rassemblement », a dit celui qui quitte son poste de directeur général du Chantier de l'économie sociale.

Il s'est dit motivé par la poursuite de l'intérêt collectif. « Et on peut le trouver seulement si on est capables d'agir et de décider pour nous et par nous-mêmes, ici, chez nous. »

« Le Québec doit mettre fin à cet état débilitant de subordination à un autre gouvernement qui ne siège pas au Québec, qui n'est pas élu au Québec, qui ne connaît pas le Québec et qui ne s'y intéresse pas tellement », a dit Jean-Martin Aussant.

Jean-Martin Aussant a également plaidé pour un retour des « amis souverainistes » vers le PQ. « Je les invite à réfléchir sur la meilleure façon de faire advenir la souveraineté », a-t-il dit.

En 2011, Jean-Martin Aussant a quitté le Parti québécois en raison d'un désaccord avec Pauline Marois sur la façon de mener le Québec à la souveraineté.

S'il revient aujourd'hui dans sa « famille naturelle », c'est que le paysage et la dynamique ont changé, a-t-il expliqué.

CHEMIN SINUEUX

Après son départ du PQ, il a fondé Option nationale, un parti souverainiste, dont il est devenu le chef. 

Aux élections provinciales de 2012, ce parti, aujourd'hui fusionné à Québec solidaire, n'a reçu que 1,9 % des voix. Jean-Martin Aussant a été battu dans la circonscription de Nicolet-Bécancour par le candidat de la CAQ. 

En 2013, il a quitté la politique pour un emploi dans le monde financier à Londres. Et il est devenu directeur général d'une équipe spécialisée en méthode quantitative pour Morgan Stanley Capital International (MSCI).

Deux ans plus tard, il est rentré au Québec peu de temps après son discours remarqué aux funérailles de son mentor, Jacques Parizeau. 

« S'il est une chose que son départ devrait amener, c'est la fin des exils. De tous les exils, qu'ils soient géographiques ou intellectuels », avait dit Jean-Martin Aussant en 2015 aux obsèques de Jacques Parizeau.

Il a alors été nommé directeur général du Chantier de l'économie sociale. Cet organisme fait la promotion de l'entrepreneuriat collectif dans les coopératives et les OBNL. 

C'est ce que M. Aussant appelle le troisième pilier, celui du collectif. Avec ses milliers d'entreprises, ce secteur d'activité pèse 35 milliards et 10 % du PIB du Québec. Il se marie aux piliers du privé et du gouvernement pour former l'économie.

Au cours de son mandat, le Chantier de l'économie sociale et Montréal ont été l'hôte du Forum mondial de l'économie sociale GSEF 2016, qui a accueilli plus de 1500 personnes.

Employé du Chantier, Jean-Martin Aussant a gardé un pied dans la sphère politique pour suivre l'évolution des législations et des projets gouvernementaux. Mais il l'a aussi fait de façon personnelle.

En 2016, il a participé à la tournée citoyenne Faut qu'on se parle avec plusieurs partenaires, dont Gabriel Nadeau-Dubois, Maïtée Labrecque-Saganash et le Dr Alain Vadeboncoeur.