Le premier ministre Philippe Couillard se porte à la défense de son ministre de la Santé, Gaétan Barrette, un homme à la personnalité «ferme et déterminée» qui saura régler la crise chez les infirmières selon lui.

Selon un sondage Ipsos-La Presse, pas moins de 61% des électeurs jugent Gaétan Barrette «intransigeant et arrogant». Et ce constat n'est probablement pas étranger au verdict sans appel de la population devant le réseau de la santé: 70% des gens jugent qu'il s'est détérioré depuis trois ans.

Lors d'un point de presse au premier jour de la dernière session parlementaire avant les élections de l'automne, Philippe Couillard a répondu par l'affirmative lorsqu'on lui a demandé s'il a pleinement confiance en M. Barrette. «Je ne prévois aucun changement» au poste de ministre de la Santé, a-t-il dit.

Il a fait valoir que les titulaires de ce poste, qu'il a lui-même occupé, «ne restent jamais populaires bien longtemps». «Pourquoi? Parce que c'est un domaine tellement chargé d'émotion, dans la réalité quotidienne des gens et des familles, et bien sûr ce système-là ne pourra jamais être parfait et à la hauteur des attentes complètes. Mais on fait des progrès importants.»

Il a plaidé que le ministre a permis des économies dans l'achat de médicaments et fait en sorte qu'un million de Québécois de plus ont un médecin de famille depuis 2014. «Outre sa personnalité ferme et déterminée», M. Barrette a «une détermination d'agir pour les patients» et «les résultats sont là».

«Il y a moins d'attente pour les chirurgies, les taux d'attente dans les urgences demeurent élevés mais sont en baisse. Ça, ça n'arrive pas sans quelqu'un qui a une force de caractère importante et qui est capable de bousculer certains lobbys parfois et aller directement agir pour les patients.»

En décembre, Philippe Couillard lui a pourtant retiré les négociations avec les fédérations de médecins tant sur leur rémunération que sur l'application des lois 20 et 130. Il reste un «conseiller majeur», a voulu nuancer le premier ministre. Il pilotera le dossier chaud des infirmières. «Parce qu'il connaît excessivement bien le dossier et les questions techniques reliées à ça», a indiqué M. Couillard. 

Gaétan Barrette rencontrera les représentants de la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ) mardi après-midi. Le premier ministre a salué le dévouement des infirmières et a indiqué que son gouvernement «est entièrement tourné vers le fait de trouver une solution» à la crise actuelle. Les solutions se trouvent dans les conventions collectives et «il faut les appliquer», a-t-il dit.

Dans les conventions collectives signées en 2015, le gouvernement a accepté d'augmenter de 50% à 62% la proposition d'infirmières qui travaillent à temps plein; de 35% à 50% pour les infirmières auxiliaires. De nouveaux postes «sont prévus et budgetés, ce n'est pas une question d'argent», a dit le premier ministre. Le gouvernement s'était également engagé à mettre sur pied un projet-pilote sur la révision des ratios de patients par infirmière. Il ne l'a toujours pas lancé.

«J'accepte la critique que ce n'est pas allé à la vitesse à laquelle les infirmières auraient souhaité. C'est une critique légitime», a reconnu Gaétan Barrette lors d'une mêlée de presse.

Il compte «accélérer les travaux» pour revoir les ratios, ce qui impliquera ultimement l'ajout de postes. Avec la FIQ, «on va mettre en place une mécanique et un plan pour amener les ratios au bon endroit, convenu entre les parties, dans la mesure où on arrive à disposer du personnel, et ça, ça peut prendre un certain temps». Il se dit «convaincu qu'on aura fait des travaux et qu'on aura tiré des conclusions d'ici l'élection, ou du moins on sera très près».

«Ce que le milieu a besoin de plus aujourd'hui, c'est un message d'espoir, qui vient du fait que le gouvernement s'engage formellement à revoir tout ça. C'est ça le message le plus important aujourd'hui», a-t-il lancé.