La décision de la Commission américaine sur le commerce international (USITC) en faveur de Bombardier a renversé le premier ministre Philippe Couillard, qui l'a qualifiée de «totalement inattendue».

De Shanghai, où il dirige une mission économique, le chef du gouvernement a confié que ses attentes au départ étaient très «basses».

Il s'est particulièrement réjoui du fait que la commission eut rejeté la plainte de Boeing de façon unanime. D'après lui, une telle décision sans équivoque devrait décourager Boeing de porter la cause en appel.

Rappelons que dans sa plainte déposée au printemps dernier, Boeing alléguait avoir subi un préjudice en raison des subventions indues octroyées à son concurrent québécois qui lui ont permis d'offrir des prix jugés dérisoires à Delta Air Lines pour décrocher une commande de 75 CS100 en 2016.

La décision de la USITC a suscité des réactions de joie vendredi, surtout au Québec, où on redoutait l'imposition de droits compensatoires et antidumping finaux de 292,21 pour cent sur la vente de C Series aux États-Unis.

En mêlée de presse à Shanghai, M. Couillard a dit partager l'avis de plusieurs analystes québécois, qui estiment que le verdict valide la crédibilité de la USITC.

Celle-ci n'aurait pas été influencée par des pressions politiques ou les orientations protectionnistes de l'administration Trump.

«C'est rassurant que la règle de droit s'applique, a-t-il déclaré. La logique a prévalu, c'est une bonne nouvelle, c'est vraiment très bien, on est très content.»

Par ailleurs, l'élimination des tarifs douaniers ne signifie pas que Bombardier a cédé trop rapidement le contrôle de la C Series à Airbus, selon lui.

«De toute façon, ce programme-là ne pouvait pas continuer sans un immense partenariat stratégique, a-t-il argué. Développer un avion de ligne partout dans le monde, on ne peut pas faire ça, même si Bombardier est une grosse compagnie, on ne peut pas faire ça juste avec une compagnie comme Bombardier.»

Delta, l'unique client américain de la C Series, devait commencer à recevoir au printemps les premiers avions de sa commande de 75 CS100. Le transporteur d'Atlanta compte toutefois attendre que Bombardier ait terminé sa chaîne de montage américaine en Alabama.

Entre temps, le premier ministre croit que la décision de la USITC aura un impact positif sur tout un écosystème de joueurs, dont les fournisseurs et les travailleurs au premier plan. «C'est beaucoup de monde ça dans Laval, les Basses-Laurentides dont les emplois sont directement impliqués; il y a nos alliés également, le gouvernement du Canada, le Royaume-Uni a été très impliqué», a-t-il conclu.