La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, assure que « chaque demande [d'indemnisation qui] a été reçue » des familles et des victimes de l'attentat de Québec a été « analysée par une équipe experte et dédiée, et que chaque solution a été donnée à l'intérieur de ce que permet le cadre légal ».

La Presse dévoilait vendredi que la famille d'un homme tué lors de l'attentat du 29 janvier 2017, ainsi que la famille d'un autre homme grièvement blessé, tentent depuis un an d'être reconnues comme des victimes d'acte criminel pour être indemnisées par la Direction de l'indemnisation des victimes d'actes criminels (IVAC). Un survivant, dont les médecins affirment qu'il ne peut pas travailler, voudrait quant à lui obtenir un remplacement de revenu, mais ne reçoit aucune somme de Québec.  

« Ces gens-là sont détruits psychologiquement. C'est l'enfer. Ce sont des femmes qui ont cherché leur mari toute la nuit. Des enfants qui ont vu les policiers, les ambulances, les gyrophares. Ils ont senti que leur communauté était attaquée. Cette nuit-là, la panique s'est installée et les familles en ont été imprégnées », a expliqué leur avocat, Marc Bellemare.

À ce jour, l'IVAC refuse d'accorder à ces femmes et à leurs enfants le titre de victimes puisqu'ils n'ont pas été des témoins directs de l'attentat. 

« La Direction de l'IVAC, avec l'aide des Centres d'aide aux victimes d'actes criminels (CAVAC), s'assurent qu'il n'y ait pas de bris de service et que les victimes et leurs proches aient un service en continuum afin de les soutenir dans leur rétablissement », a assuré la ministre Vallée dans un courriel envoyé à La Presse

« Précisons que toutes les personnes qui étaient présentes et ont été témoins du drame ont été reconnues à titre de victimes, et que pour qu'il y ait une indemnité pour le remplacement du revenu, il faut qu'il y ait eu un revenu à remplacer et que l'incapacité invoquée limite de manière importante les activités de la vie quotidienne », a écrit Mme Vallée. 

L'opposition demande un peu de « coeur » 

Véronique Hivon, porte-parole du Parti québécois (PQ) en matière de justice, affirme qu'il faut « un gouvernement qui a du coeur, aussi simple que ça. » 

« Cette situation fait suite à un événement tragique qui a marqué tout le Québec et qui a laissé des traumatismes importants. On en a des témoignages éloquents et bouleversants cette semaine, et ce qu'on voit, c'est que cette situation illustre à nouveau à quel point il semble y avoir une complexité dans le traitement des demandes », a dit Mme Hivon en entrevue avec La Presse.

La députée péquiste souhaite que Québec cesse de faire une « si grande différence entre les victimes et les proches des victimes », lorsque vient le temps d'évaluer les indemnités permises. 

À la Coalition avenir Québec (CAQ), le député Simon Jolin-Barrette, critique en matière de justice, a écrit par courriel que « le gouvernement tourne le dos aux victimes depuis trop longtemps. L'IVAC doit agir et indemniser. Le Protecteur du citoyen avait souligné la rigidité du programme. »

« Il faut plus de souplesse. Ceci prévaut pour les présentes victimes, mais pour tous les autres qui se battent depuis années pour faire cheminer leurs dossiers », a-t-il dit.