Un des poids lourds du gouvernement central chinois s'est engagé, mardi, à promouvoir les échanges culturels avec le Québec.

Pour une toute première fois, le puissant ministre chinois de la Culture, Luo Shugang, a déroulé le tapis rouge pour un chef de gouvernement provincial, en accueillant le premier ministre Philippe Couillard dans les salons feutrés du palais Janfu, à l'intérieur des murs de la Cité interdite.

Les deux hommes ont signé une entente de coopération culturelle en présence de fonctionnaires et d'interprètes dans le somptueux salon Jingyi, où le président américain Donald Trump avait lui-même été accueilli l'année dernière, lors d'une visite officielle en Chine.

Sous les lustres et entourés d'oeuvres d'art chinoises, MM. Couillard et Shugang ont échangé sur la qualité de l'air à Pékin, qu'ils trouvent grandement améliorée, avant de s'offrir des cadeaux - une toile pour M. Couillard et un tableau fait de bois recyclé pour le ministre. «Les arbres sont importants chez nous», a fait savoir M. Couillard par la voix d'une interprète. «Notre entente de coopération est une graine qui un jour deviendra un arbre», a répondu M. Shugang, le sourire dans la voix, en promettant de se rendre un jour à Montréal.

L'entente-cadre devrait favoriser le rayonnement de la culture québécoise en Chine et vice versa. Elle pourrait entre autres faciliter les déplacements de groupes tels que l'Orchestre symphonique de Montréal et les Grands Ballets canadiens en Chine, croit M. Couillard.

Elle permet aussi des échanges entre musées, un rapprochement entre les différents festivals et une plus grande mobilité des artistes pour fins de perfectionnement.

«Lorsque l'on vient ici sous le parapluie d'une entente signée avec le gouvernement central, ça a énormément de poids», a déclaré le premier ministre quelques minutes après la rencontre, en précisant que la Chine comprend très bien la nature de la fédération canadienne et la place qu'occupe le Québec.

«(L'entente) ouvre maintenant une autoroute littéralement pour nos entreprises culturelles pour les prochaines années. Elles entrent par une porte qui est une porte que les autres gouvernements fédérés n'ont pas», s'est-il félicité.

Cet entretien officiel très sélect s'est déroulé après que M. Couillard eut rencontré en privé le ministre chinois de la Science et de la technologie, Wan Gang. La rencontre en haut lieu s'est soldée par le renouvellement d'une entente pour les appels de projets de recherche conjoints, la Chine étant particulièrement intéressée par les travaux québécois en intelligence artificielle et en physique quantique.

Le Québec est le partenaire de plus longue date du ministère de la Science et de la technologie de Chine, soit depuis 1995.

Depuis 2007, la Chine et le Québec ont financé conjointement 17 projets de collaboration et d'innovation dans le domaine scientifique, pour un montant de 15 millions $.

Par ailleurs, l'entreprise québécoise Cinco, qui se spécialise dans les technologies de réalité virtuelle et de réalité augmentée, a signé mardi une entente avec le géant chinois BeiAo, d'une valeur de plusieurs dizaines de millions de dollars.

Le président-directeur général de Cinco, Nicolas Marullo, a dit espérer pouvoir aider BeiAo à obtenir un important contrat lié aux Jeux olympiques de 2022 à Pékin.

L'entreprise montréalaise, qui fait déjà affaire avec Ford et Sephora, cherche à offrir aux consommateurs une «expérience» publicitaire de très haut niveau. Lors de l'annonce, le premier ministre a enfilé un bandeau lui permettant en quelque sorte «d'entrer» dans le contenu.

«Le consommateur veut vivre de meilleures expériences et il y a une énorme compétition pour un consommateur qui a tout vu, qui n'est plus intéressé à beaucoup de choses», a affirmé M. Marullo en entrevue, en ajoutant que son entreprise est l'une des seules au monde qui permet aux marques de forger des liens émotionnels avec leurs consommateurs.

M. Couillard poursuit sa mission commerciale et culturelle en Chine, pour quatre jours. Il se rendra aussi à Hangzhou et Shanghai. Une délégation de 140 entreprises l'accompagne, en grande majorité composée d'intervenants du milieu de la culture et du divertissement.