Depuis un an, les 20 radars photo fixes du ministère québécois des Transports ont distribué 10 fois moins de contraventions qu'en temps normal. Principale «trappe à tickets» sur le territoire québécois, le cinémomètre sur l'autoroute 15 Sud, près de la sortie Atwater, n'a pas débusqué un seul automobiliste délinquant en 2017.

Les chiffres que le ministère de la Justice vient de mettre en ligne sur son site internet permettent de faire un premier bilan annuel de l'impact de la décision du juge Serge Cimon qui, à la fin de 2016, jugeait que la preuve établie à partir d'un radar photo n'avait «aucune valeur probante», ce qui rendait ces contraventions non avenues.

Le projet de réforme du Code de la sécurité routière déposé en décembre par le ministre des Transports André Fortin veut pallier ce problème, et réhabiliter ce moyen de surveillance en statuant que le constat de ces appareils peut servir de preuve. En attendant, les chiffres de la Justice montrent que seulement 10 000 automobilistes ont reçu une contravention fondée sur ces appareils en 2017. 

Par rapport aux statistiques compilées depuis le début de cette opération, en août 2009, on constate que ces radars photo fonctionnent au dixième de leur régime normal. Une fois le projet de loi adopté - probablement à la session du printemps à l'Assemblée nationale -, ces points névralgiques sont susceptibles de fonctionner, à nouveau, à plein régime.

Même situation pour les radars mobiles

Le cinémomètre de l'autoroute 15 est resté à 139 798 contrevenants toute l'année dernière, ce qui laisse inchangée la somme des amendes imposées, à 25 200 311 $. Le deuxième appareil au chapitre des victimes reste celui de l'autoroute 20 Ouest, à la hauteur de la sortie de Mortagne, à Boucherville, qui a imposé 25 000 $ de contraventions cette année, soit 110 contrevenants de plus.

Le mirador de Pincourt, sur l'autoroute 20 Est, a trouvé 37 automobilistes en excès de vitesse cette année; le troisième poste au palmarès des trappes a généré seulement 5000 $ de plus cette année, une goutte d'eau sur les 8 millions qu'il a permis d'amasser depuis 2009.

La situation n'est pas différente pour les radars mobiles. Le cerbère de Boisbriand, sur l'A640, a le record avec 4,4 millions en contraventions et 21 000 délinquants, mais ses captures sont nulles pour toute l'année 2017. Même sort pour l'appareil sur l'A40 près de Montréal : on n'a pas ajouté un seul constat aux 17 094 délivrés avant 2017 - les 3 millions en amendes étaient déjà dans le panier en décembre 2016.

Les 18 appareils chargés de débusquer ceux qui brûlent un feu rouge sont aussi en panne. En tout, ils avaient épinglé 30 184 délinquants à la fin de 2016; il y en avait 346 de plus à la fin de 2017. On est toujours à 4,8 millions en amendes pour ces appareils aux intersections.

Sur le podium pour les feux rouges, on retrouve un appareil à Lévis sur la route Président-Kennedy (173), suivi de près par le champion montréalais, à l'intersection de la rue Paré et du boulevard Décarie Nord - mais encore là, il fonctionne à vide, les 8206 infractions constatées à la fin de 2017 l'ont été avant les 12 derniers mois.

537 394

Durant les 12 derniers mois, les radars fixes ont épinglé un peu plus de 7000 contrevenants, haussant péniblement la barre de 530 238 à 537 394 depuis 2009.

- Avec William Leclerc