La Coalition avenir Québec (CAQ) exhorte le gouvernement à modifier immédiatement son programme d'aide financière pour l'installation de gicleurs dans les résidences privées pour aînés (RPA), qui selon le parti, est mal organisé et menace certains établissements de fermeture.

Dans la foulée de l'incendie à l'Isle-Verte qui a coûté la vie à 32 personnes, le gouvernement du Québec avait annoncé que les propriétaires de résidences privées devraient obligatoirement installer des gicleurs. Un programme d'aide financière avait été établi pour appuyer les résidences afin qu'elles se conforment au règlement d'ici le 2 décembre 2020.

Or, selon la CAQ, les modalités du programme sont mal conçues. Le député de Lévis, François Paradis, était en conférence de presse dimanche matin pour interpeller le gouvernement sur cet enjeu en compagnie de propriétaires de résidences de la région.

Le problème, selon la CAQ, est que les propriétaires doivent eux-mêmes débourser des sommes pour entamer l'installation. Le gouvernement dispose de cinq ans pour les rembourser lorsque les travaux sont finis, à raison de deux versements par année.

Ainsi, plusieurs propriétaires sont forcés de contracter des prêts auprès de leur institution financière, puisqu'ils n'ont pas assez de réserves pour assumer ces coûts onéreux. Et cette aide qui couvre généralement une partie des coûts, selon Bertrand Chabot, propriétaire d'une résidence de Portneuf qui était aux côtés de M. Paradis dimanche matin.

En entrevue dimanche après-midi, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a accusé la CAQ de faire des «manoeuvres politiques», car le gouvernement mène des consultations depuis cet automne en vue d'une mise à jour du programme, qui sera annoncée en janvier.

M. Barrette n'a pas pu donner de détails sur cette mise à jour pour l'instant, mais il a assuré que tous les acteurs du milieu avaient été consultés.

«Je vous dirais qu'on donne suite de façon très significative aux demandes qu'on nous a faites, on comprend la problématique», a-t-il indiqué.

En entrevue téléphonique la veille de la conférence, François Paradis a suggéré au gouvernement de commencer à verser l'argent avant les travaux, dès que les propriétaires disposent de plans, de devis et d'une soumission d'un entrepreneur certifié.

M. Paradis souligne que les propriétaires de résidences sont majoritairement en faveur de l'installation de gicleurs, mais ils ont besoin d'une aide plus rapide du gouvernement.

«La subvention, elle est là, ce qu'ils remettent en question ce sont les modalités», a-t-il soutenu en entrevue.

François Paradis juge que l'échéance de décembre 2020 est toujours atteignable si le gouvernement change son programme maintenant.

«Les subventions ont été (budgétisées), les montants existent», a-t-il indiqué.

Selon le propriétaire Bertrand Chabot, l'aide est d'autant plus nécessaire pour les petits établissements comme le sien, qui n'accueille que dix résidants.

«Nous, les RPA, la moyenne par mois que l'on peut charger dans les résidences privées, c'est 15 000 $ pour dix résidants. On n'est pas contre l'idée, mais on a besoin d'avoir de l'aide», a-t-il soutenu au bout du fil.

«Moi, ça me coûte 68 000 $, ici, pour installer les gicleurs, et je n'augmente pas mes revenus», a-t-il poursuivi, ajoutant que lui-même travaillait en grande partie «bénévolement» car il n'a pas les moyens de se payer un salaire en bonne et due forme.

M. Chabot demande aussi au gouvernement de majorer l'aide financière, qui selon lui ne couvre pas toutes les dépenses, dont les frais d'architectes, d'ingénieurs en prévision de l'installation des gicleurs.

Catherine W.Audet, attachée de presse du ministre de la Santé et des Services sociaux Gaétan Barrette, a affirmé dans une très brève déclaration par courriel que le ministère était «en réflexion à ce sujet».

Lors de la mise en place du programme d'aide financière pour l'installation de gicleurs, en 2015, le gouvernement du Québec évaluait qu'il lui coûterait 252,5 millions.