Les députées du parti indépendantiste de la Catalogne, la Candidatura d'Unitat Popular (CUP), Anna Gabriel et Eulàlia Reguant, invitées vendredi soir à l'ouverture du 13e congrès de Québec solidaire (QS), souhaiteraient donner «leur point de vue» du conflit catalan au premier ministre Philippe Couillard.

Les deux élues ont tenu à parler de la situation catalane à la population, dans des circonstances où «les dirigeants occidentaux refusent d'écouter». C'est auprès des membres de QS, au Théâtre de la Ville de Longueuil, qu'elles ont passé leur message. «Le monde n'a pas que des leaders, il a des gens aussi, a déclaré Anna Gabriel suite à leur discours prononcé devant les militants Solidaires. On se promène, on essaye de dire aux leaders de nous écouter, mais s'ils refusent, il y aura toujours des gens pour nous écouter.»

«Non seulement au Québec, mais à travers le monde, nous voulons que les luttes du peuple soient connues», a exprimé Mme Reguant, qui dit avoir trouvé au Québec un écho à leur revendication pour «un droit à l'autodétermination».

 

Hier, la porte-parole de QS et députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Manon Massé, a exhorté le premier ministre Philippe Couillard à rencontrer les élues catalanes, puisqu'elle les amènera à l'Assemblée nationale, mardi. Une motion condamnant l'autoritarisme de l'État espagnol à l'égard de la Catalogne a déjà été adoptée et la députée déplore que le gouvernement libéral n'ait rien fait pour aider les Catalans depuis ce vote.

Les deux politiciennes disent être au Québec afin de trouver des appuis et vouloir rencontrer Philippe Couillard pour pouvoir «s'exprimer librement». Elles voudraient entre autres lui demander quelle version du conflit le gouvernement espagnol lui a donnée. «Ensuite, on pourra lui raconter les choses de notre point de vue et à partir de là, ce sera à lui de décider», lance Mme Gabriel.

 

Répandre le message

Les députées, démises de leurs fonctions le 27 octobre dernier lorsque le gouvernement espagnol a dissous le Parlement de Catalogne, ont répondu à l'appel de Québec Solidaire parce que «quelque soi le mouvement politique qui s'intéresse à la situation que nous vivons en Catalogne, nous avons l'obligation de voyager et de profiter de ça», explique Anna Gabriel, qui était en fonction au gouvernement depuis 2015. La symbolique d'un rapprochement entre Québec Solidaire et leur parti a également motivé leur traversée de l'Atlantique jusqu'en sol québécois.

Durant leur allocution, elles sont revenues sur les valeurs de leur groupe politique, la CUP, un parti «progressiste et souverainiste», pour qui le féminisme, l'écologie, la lutte à la précarité et la démocratie participative sont fondamentaux, à l'instar des principes mis de l'avant par Québec Solidaire. 

Leur discours a d'ailleurs conquis les militants Solidaires, qui, après avoir chaudement applaudi leurs porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé, venus leur adresser quelques mots, ont réservé un accueil des plus chaleureux aux élues catalanes. Ces dernières ont rappelé «ce que [leur] a valu le fait de vouloir obtenir le droit de voter: plus de 1000 blessés, près de 800 personnes accusées au niveau pénal, une vingtaine de personnes arrêtées et dix prisonniers politiques».

Appel aux dirigeants

Anna Gabriel et Eulàlia Reguant ont également exprimé leur souhait de voir les premiers ministres Justin Trudeau et Philippe Couillard agir finalement dans le dossier catalan. «On voudrait qu'ils disent à l'État espagnol que la situation est inacceptable, qu'ils couperont leurs relations s'ils ne mettent pas fin à ce qui se passe présentement», a indiqué Mme Gabriel, à la suite à leur allocution, précisant que «cet idéal n'arrivera malheureusement jamais», selon elle. 

Réfugié à Bruxelles, où il a dû s'enfuir en secret à la suite à sa destitution il y a environ un mois, le président destitué catalan, Carles Puigdemont doit se présenter le 4 décembre devant le juge belge chargé de statuer sur son extradition vers l'Espagne. Questionnées sur le futur immédiat et à long terme de la Catalogne et ses représentants, Mmes Gabriel et Reguant ont avoué ne pas pouvoir anticiper les jours et les mois à venir. 

« Mais si on réussit à mettre assez de pression pour que quelqu'un, quelque part, réagisse, on va pouvoir essayer de faire changer la situation actuelle», espère Anna Gabriel, qui avoue ne pas «avoir le temps d'être découragée», malgré les semaines difficiles derrière elles. Portées «par l'espoir et par le peuple», elles continuent de répandre le mot et défendre leur position auprès de qui veut les entendre. «On n'a pas le choix», soutient Eulàlia Reguant.