François Legault ramène les femmes au siècle dernier avec sa proposition de leur offrir des «bébés bonus», selon le premier ministre Philippe Couillard.

Il s'est dit estomaqué par l'engagement pris ce week-end par le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) de promouvoir une politique ouvertement nataliste, en offrant un montant d'argent ou un crédit d'impôt aux femmes qui décideraient de faire un deuxième ou un troisième enfant.

«J'en reviens pas! Une autre affaire du siècle dernier», a commenté M. Couillard, lors du point de presse de clôture du 33e congrès du Parti libéral du Québec (PLQ), dimanche.

Un peu plus et «les curés de la CAQ vont faire la visite paroissiale» pour vérifier si les femmes ont «un enfant en chemin», a ironisé le premier ministre, pour illustrer l'approche selon lui passéiste du chef caquiste en matière de procréation.

Lorsqu'on aborde la question du soutien gouvernemental à la famille, on assiste donc, selon M. Couillard, à deux visions diamétralement opposées, si on compare l'approche de la CAQ et celle du PLQ.

En bref, la CAQ promet de l'argent, alors que le PLQ promet plus de temps aux parents de jeunes enfants, a-t-il résumé.

«M. Legault dit: je vais donner de l'argent aux familles pour leur dire quoi faire, exemple des enfants», a commenté le chef libéral.

Or, «les femmes sont assez grandes pour décider quand elles vont avoir des enfants», a-t-il indiqué, lorsqu'il a été interrogé à savoir si l'approche retenue par son rival caquiste marquait un progrès ou un recul pour les femmes.

Les libéraux veulent quant à eux augmenter le nombre de jours de congé payé offerts aux travailleurs, par exemple pour demeurer auprès d'un enfant malade. M. Couillard veut s'inspirer de certains pays européens, mais a refusé dimanche de préciser sa pensée à ce sujet.

Il faut que les parents puissent «prendre leurs décisions, selon leurs priorités», a-t-il dit, et non pas selon «le choix du gouvernement».

Aux yeux des parents, leur qualité de vie est devenue un enjeu aussi important que leur situation monétaire, selon lui.

De toute évidence, les couples ayant de jeunes enfants formeront une clientèle extrêmement sollicitée lors de la prochaine campagne électorale, lors de l'élection générale d'octobre 2018.

Les partis rivaliseront de mesures et de promesses pour courtiser ces électeurs.

Plus tôt, dans son discours livré devant les 1400 militants ayant assisté au congrès, M. Couillard avait insisté sur l'importance à accorder à la famille.

«Nous allons faire une différence dans la vie des familles», a-t-il promis.

En atelier, les militants libéraux ont fait la promotion d'une meilleure conciliation famille-travail-études, afin de mieux soutenir financièrement les parents qui sont encore aux études.

Le premier ministre s'est aussi engagé à offrir des services de garde mieux adaptés aux besoins des parents, encore là sans préciser sa pensée.

Il a aussi rappelé que dans sa toute récente mise à jour économique, le ministre des Finances avait annoncé une nouvelle mesure: l'envoi d'un chèque de 100 $ par année par enfant pour acheter les fournitures scolaires.

Dans le secteur de la santé, il s'engage aussi à avoir une bonne pensée pour les parents de jeunes enfants en développant la télémédecine pour des consultations médicales en ligne. «La technologie va faciliter la vie des familles», a-t-il dit, tentant d'incarner le parti du changement, même si son gouvernement est en fin de mandat.

Il a promis de diriger un «nouveau Québec», s'il est réélu. Dans un discours de 11 pages, il a répété le mot «nouveau» à pas moins de 30 reprises.

Un nouveau lien Québec-Montréal

Dans un autre ordre d'idées, le premier ministre Couillard a relancé l'idée d'un nouveau lien Québec-Montréal.

Ni nécessairement train rapide, ni nécessairement monorail, cette nouvelle liaison de transport en commun n'a pas été définie par M. Couillard.

Il a dit lancer l'idée, embryonnaire, en se disant ouvert à toute suggestion, disant vouloir faire appel à l'imagination des Québécois. Le projet lui semble «emballant», mais demeure à définir à l'occasion d'un éventuel deuxième mandat.

«Ce que je veux faire d'abord, c'est un appel de projets» basés sur le génie québécois pour une liaison «rapide, efficace, écologique, électrifiée».