Le Parti libéral du Québec a 312 jours pour « mériter à nouveau la confiance des Québécois », a lancé vendredi soir Philippe Couillard. « Le compte à rebours est lancé », a souligné le chef du PLQ pour galvaniser ses troupes à moins d'un an des élections générales d'octobre 2018.

Spontanément, les militants ont applaudi quand il a évoqué son prédécesseur Jean Charest qui, en fin de journée aujourd'hui, s'adressera aussi aux 1400 congressistes réunis pour souligner le 150e anniversaire du PLQ. Il a rappelé « le Plan Nord qu'on doit à la créativité et à la vision du premier ministre Jean Charest ».

« Maintenant, on ne laisse rien passer ! », a-t-il promis, une attitude plus combative saluée par une ovation de la salle.

Sans même mentionner le Parti québécois et son chef, Jean-François Lisée, M. Couillard a tourné toutes ses pièces vers François Legault, le chef de la CAQ. « Qui a déjà entendu François Legault parler de lutte contre la pauvreté ? », a-t-il dit, soulignant que les libéraux « ne font pas le choix du populaire au détriment du nécessaire ».

M. Legault « parle de changement... depuis 20 ans. Il en a fait des changements. Il a changé de parti et change d'idée constamment. Sur Netflix trois fois dans la même journée... étourdissant », a dit le chef libéral.

Le gouvernement libéral a mis fin à la spirale des déficits, assuré la cote de crédit du Québec, ne paie plus l'épicerie en endettant les générations futures. « La rigueur qui nous a été reprochée, tous admettent maintenant qu'elle a été payante », a-t-il martelé.

La présence de Jean Charest, qui prendra la parole aujourd'hui en fin de journée, a monopolisé les discussions de corridor. En marge du congrès, plusieurs ministres soulignaient ne pas voir de problème dans la présence de l'ancien chef. Daniel Johnson devait aussi être présent, mais il s'est désisté hier pour des raisons familiales, il communiquera plutôt par vidéo avec les délégués.

Semblant mal à l'aise avec la présence d'un ancien chef qui fait l'objet d'une enquête de l'UPAC, Robert Poëti a eu un commentaire laconique. Il n'a pas connu l'ère Charest - il a été élu pour la première fois avec Philippe Couillard en 2014. « Il y a un rassemblement de militants ici. M. Charest est militant depuis toujours au Parti libéral, c'est une rencontre de militants libéraux et je ne suis pas mal à l'aise d'être ici », s'est-il limité à dire avant de quitter les journalistes.

Son collègue Guy Ouellette, ancien policier lui aussi, a eu des commentaires mitigés. « On fête le 150e anniversaire du Parti libéral, c'est une étape très importante. Les célébrations sont pour tous les libéraux et tout citoyen libéral au Québec a le droit de s'y joindre, incluant M. Charest. » « Tous ceux qui seront ici [au congrès] sont bienvenus. Il y a beaucoup de bonnes choses à retenir de l'héritage de M. Charest », a fini par déclarer le député arrêté par l'UPAC à la fin octobre, relancé par les journalistes qui l'interrogeaient sur la présence de l'ancien chef.

Mais généralement, les élus libéraux s'entendaient pour souligner la contribution de l'ancien premier ministre. Pour le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, il faut « s'en tenir aux faits », les enquêtes policières n'ont pas de conclusion encore, « [lui, il est] très à l'aise [avec sa présence] et ce sera une belle soirée samedi ».

Lucie Charlebois, responsable de la Santé publique, a tenu les propos suivants : « [M. Charest ] est quelqu'un avec qui j'ai beaucoup appris. J'ai beaucoup de respect pour un ancien premier ministre. Laissons terminer les enquêtes, mais de là à tirer des conclusions avant que les rapports arrivent... j'ai beaucoup de respect pour lui », a dit celle qui a été élue avec le premier gouvernement Charest en 2003.

Pour Laurent Lessard, ministre de l'Agriculture, M. Charest « a fait de grandes réalisations, pour les autres aspects de sa vie, personne ne [le] tient au courant. Le PQ n'invite pas beaucoup ses anciens premiers ministres, à [sa] connaissance, ils les sacrent dehors » ! C'était un chef « enthousiaste et débordant. Je n'ai dans l'ensemble que des qualités à lui attribuer. La population a vu ce qu'il a réalisé. S'il y a d'autres aspects, ils seront jugés par d'autres instances », a souligné M. Lessard. Il se refuse à comparer Jean Charest et Philippe Couillard : « Chacun apporte sa couleur. J'ai appris à faire de la politique avec M. Charest. M. Couillard a l'art de nommer simplement les choses. Cela rejoint également la population, mais d'une autre manière. »

Durant la fin de semaine, les militants libéraux auront à discuter de résolutions susceptibles de faire partie de la plateforme électorale du PLQ.

Cette semaine, le gouvernement a repris à son compte des engagements de la CAQ - l'annonce d'une baisse d'impôt de 1000 $ pour les familles et 100 $ pour aider à faire face aux factures de la rentrée scolaire.

Dans le cahier de 200 résolutions, la commission politique du PLQ s'inspire aussi de la CAQ en proposant que l'obligation de fréquenter l'école soit étendue aux jeunes jusqu'à 18 ans, s'ils n'ont pas décroché un diplôme auparavant. On propose aussi que les poursuites civiles pour les agressions sexuelles ne soient pas soumises à une prescription judiciaire de cinq ans, une mesure qui se trouve dans un projet de loi déposé par la CAQ.

La commission politique du PLQ suggère aussi que le gouvernement tende davantage la main à la communauté anglophone. Le gouvernement devrait s'assurer « d'évaluer, lors de l'élaboration de tout nouveau projet de loi ou règlement, l'impact de ceux-ci sur les citoyens d'expression anglaise et d'inclure à tout nouveau projet de loi, règlement ou politique des dispositions qui les concernent ». De telles « clauses d'impact » existent déjà dans les mémoires au Conseil des ministres ; les conséquences pour l'environnement, les jeunes et même pour Montréal doivent être précisées dans l'argumentaire des projets de loi.

On propose aussi de s'assurer « d'avoir une représentativité des personnes issues de ces communautés au sein de la fonction publique et des instances décisionnelles ». Aussi, on propose que l'Institut de la statistique du Québec collige « davantage de données et fournisse un portrait clair et précis de leurs caractéristiques sociodémographiques et des enjeux particuliers qu'ils vivent, notamment ceux qui concernent l'accès aux services publics et au marché de l'emploi ».