Seulement le tiers des immigrants admis au Québec qui ont déclaré ne pas connaître le français se sont inscrits aux activités du ministère de l'Immigration pour acquérir la langue officielle du Québec. De ce groupe, près du tiers ne s'est jamais présenté ou a abandonné en cours de route. Et le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion ignore pourquoi.

C'est le constat sévère fait par la Vérificatrice générale du Québec dans son rapport déposé ce matin à l'Assemblée nationale, à partir d'une étude des immigrants admis entre 2010 et 2013.

Le ministère ne fait pas de suivi sur les désistements. Entre 2010 et 2016, le Québec a accueilli 283 000 personnes de plus de 16 ans, le tiers d'entre elles ont déclaré ne pas connaître le français. L'an dernier la facture de ces programmes de francisation et d'intégration linguistique des immigrants a atteint 75 millions.

Interpellé à l'Assemblée nationale, Philippe Couillard a souligné accueillir « avec beaucoup de sérieux » ce constat de la vérificatrice. « Il y a des choses qui vont dans la bonne direction, et ça va continuer », a-t-il dit.

Pour le chef péquiste Jean-François Lisée, 96 % des immigrants qui ont reçu des cours de français ne passent pas le test de rédaction, au moment où le poids des francophones au Québec et à Montréal est préoccupant. « Il y a des limites au jovialisme linguistique. Il y avait, il y a dix ans, 40 % d'immigrants qui ne parlaient pas français. Il y en a 60 % maintenant. L'échec de la francisation est celui du gouvernement libéral », a lancé le chef péquiste.

Seulement 9 % des immigrants qui ont entrepris des cours de français défrayés par le MIDI ont atteint « l'autonomie langagière » à l'oral. Pour l'écrit, c'est pire: 5 % des gens ont acquis une connaissance suffisante du français.

L'un des problèmes identifiés par le Vérificateur: le temps d'attente entre l'inscription et le début des cours -encore là, le ministère n'a aucune donnée sur les délais, ne recueille pas de données sur les désistements et les motifs d'abandon.

La mission d'intégration des immigrants, autre responsabilité du MIDI, se fait aussi sans reddition de compte. Le ministère n'analyse pas les besoins avant de conclure des ententes avec les organismes sans but lucratif qui font le travail sur le terrain. Les budgets sont accordés sur une base historique, les fonctionnaires ne visitent même plus les organismes depuis 2014. Le MIDI n'a pas l'assurance que les tarifs qu'il paie aux organismes sont justifiés et n'a pas suffisamment d'information pour évaluer la réussite des interventions.

En matière de francisation et d'intégration, le MIDI promet un « plan d'action » déposé sous peu et « appliqué avec rigueur ».