Québec reporte à 2018 le dépôt de la politique culturelle et de son plan d'action chiffré, qui devaient être présentés avant la fin de l'année, afin que le ministère des Finances mène des consultations prébudgétaires avec le milieu de la culture pour chiffrer leurs besoins en amont du prochain budget.

La ministre de la Culture, Marie Montpetit, a confirmé les informations de La Presse, expliquant qu'elle avait récemment rencontré différents acteurs des industries culturelles pour leur expliquer qu'elle voulait que la politique culturelle soit rattachée à des mesures concrètes budgétées. Des regroupements, dont la coalition La Culture, le coeur du Québec, ont été informés qu'ils seront rencontrés au cours des prochaines semaines.   

«J'ai fait le choix de sortir une politique culturelle en 2018 à laquelle va être attaché un plan d'action, avec des mesures concrètes, chiffrées. (...) Pour moi, c'est vraiment important de répondre de façon concrète au milieu», a affirmé Mme Montpetit. Cette décision marque tout de même un changement de cap, puisqu'elle affirmait à la chroniqueuse Nathalie Petrowski de La Presse, en octobre dernier, qu'elle maintenait le dépôt de la politique culturelle pour 2017, comme l'avait promis son prédécesseur Luc Fortin.  

«On est impatients, mais on reste confiants. On est plein d'espoir et on espère que les rencontres vont porter fruit», a pour sa part affirmé Fabienne Cabado, directrice générale du Regroupement québécois de la danse (RQD), membre de la coalition. 

«Ils ne seront pas déçus, ça va répondre à leurs besoins. C'est vraiment ça l'objectif», a affirmé la ministre Montpetit, qui a succédé lors du dernier remaniement ministériel à Luc Fortin à la tête du ministère de la Culture.   

De grandes attentes  

Depuis plusieurs mois, différents regroupements artistiques ont pressé Québec à réinvestir massivement en culture, alors que le gouvernement souhaite déposer une nouvelle politique culturelle pour renouveler celle qui avait été présentée il y a plus de 25 ans par l'ancienne ministre libérale Liza Frulla. À l'époque, le gouvernement avait notamment créé le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et la Société de développement des industries culturelles (SODEC), deux organismes subventionnaires aujourd'hui ciblés par les artistes qui demandent plus de fonds. 

En juin dernier, les directeurs artistiques de grands théâtres avaient critiqué l'ancien ministre de la Culture, Luc Fortin, qui avait ajouté 4 millions au budget du CALQ alors que les artistes réclamaient un réinvestissement urgent de 40 millions. Depuis, le ministère a réuni autour d'une même table différents syndicats et organisations, qui ont établi 65 pistes de solutions pour bien cibler le plan d'action de la politique culturelle. 

Hier, lors du dépôt de la mise à jour économique, la coalition La Culture, le coeur du Québec s'est toutefois dit déçu et amer que le ministre des Finances, Carlos Leitao, n'annonce aucun investissement dans les arts. À Québec, on tente de tempérer les critiques en rappelant que plusieurs secteurs n'ont pas été ciblés par cette mise à jour, alors que le budget sera déposé au printemps.  

«Ça fait des années qu'on demande les mêmes choses. Ça fait des années que les études prouvent que nos demandes sont légitimes. Aucune mesure concrète n'est prise pour que les solutions soient apportées aux problèmes que l'on a. À la veille de la sortie d'une nouvelle politique culturelle, on reste dans les angles morts du gouvernement. (...) C'est frustrant», estime Mme Cabado du RQD.