Le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal est une priorité absolue pour le nouveau ministre des Transports, André Fortin. Après des années de tergiversations, d'études et de consultations, le projet devrait être mis en branle avant les prochaines élections.

Il y a « des dossiers qui traînent depuis un certain temps. La ligne bleue, c'est pour moi un dossier prioritaire, je veux qu'on bouge là-dessus très rapidement », a souligné le ministre en entrevue à La Presse, hier. « On en parle depuis plus de 10 ans, la circulation ne s'améliore pas dans l'île de Montréal, cette population est sous-desservie », observe le ministre Fortin, bien conscient qu'il a moins d'un an, d'ici les élections d'octobre 2018, pour faire sa marque.

« J'ai l'intention de présenter quelque chose bientôt au Conseil des ministres pour qu'on puisse commencer les travaux rapidement. Il ne manque pas grand-chose pour qu'on puisse procéder. Les plans sont faits, il y a un consensus chez les différents candidats municipaux. » Déjà en septembre, l'Autorité régionale de transport métropolitain avait approuvé le « dossier d'opportunité » de ce projet de 3 milliards ; il ne manque que le feu vert du ministère des Transports. Les expropriations pourraient ainsi débuter d'ici l'automne 2018.

Nouvelles stations

Le projet de prolongement, dans les cartons du Ministère depuis près de 30 ans, prévoit cinq nouvelles stations à l'est de Saint-Michel : Pie-IX, Viau, Lacordaire, Langelier et Anjou. Il court sur plus de cinq kilomètres et demi, parallèlement à la rue Jean-Talon.

25 600: Nombre d'usagers qui emprunteraient le nouveau prolongement chaque jour, selon des études

Le ministre voit d'un tout autre oeil le projet de « ligne rose » de la cheffe de Projet Montréal, Valérie Plante, « une proposition lancée dans le cadre d'une campagne municipale. On va laisser les citoyens décider de la vision la plus utile », se contente-t-il de dire. Mais, selon lui, il faudra d'abord réfléchir sur la manière de mieux desservir cette population par les transports en commun. Le futur Réseau électrique métropolitain (REM) atteindra une partie de cette clientèle, rappelle le ministre.

Les positions d'André Fortin

SÉCURITÉ ROUTIÈRE À LA « SAUCE FORTIN »

Le nouveau ministre compte déposer cet automne, à l'Assemblée nationale, une nouvelle version du Code de la sécurité routière, révision qui était déjà prête à l'époque de Robert Poëti. Trois ministres plus tard, André Fortin compte bien apposer sa marque, mettre l'ensemble « à [sa] sauce ». Comme les automobilistes peuvent causer le plus de dommages, ils sont les premiers interpellés par les obligations de sécurité. « Les utilisateurs de véhicules sont la clé de la sécurité routière » ; on doit s'assurer qu'ils partagent la route de façon appropriée avec les autres utilisateurs.

LES TEXTOS DANS LA LIGNE DE MIRE

Comme partout dans le monde, l'accent sera mis sur les risques de « distractions au volant », phénomène qui a pris beaucoup d'ampleur. L'utilisation du cellulaire et l'échange de textos seront beaucoup plus sévèrement sanctionnés. Avec les nouvelles technologies, « il n'y a aucune raison pour autoriser de texter au volant ». L'Ontario est allé dans cette direction récemment. D'un échange avec le ministre fédéral, Marc Garneau, il retient que les provinces devraient arrimer leurs mesures en cette matière.

DES SANCTIONS PLUS LOURDES

Le ministre refuse de préciser jusqu'où iront les nouvelles sanctions. Déjà, le ministre Robert Poëti avait fait passer de 3 à 4 le nombre de points d'inaptitude pour un conducteur de moins de 21 ans surpris à utiliser son téléphone cellulaire au volant. Le quatrième point entraîne la suspension du permis pour ces automobilistes. Les amendes vont de 80 à 100 $. Le règlement ne fait pas de différence entre texter et parler au cellulaire. Avoir l'appareil en main constitue l'infraction.

PAS DE ,05

En revanche, André Fortin n'entend pas imiter l'Ontario en matière de conduite avec les facultés affaiblies. La province voisine a adopté des mesures pour sanctionner les automobilistes quand leur alcoolémie se situe entre ,05 et ,08. Dans cette « fourchette d'avertissement », on prévoit la suspension du permis de conduire pour une période allant de 3 à 30 jours selon la fréquence de l'infraction. Au-delà de ,08, on tombe dans les infractions au Code criminel. L'été dernier, la ministre fédérale de la Justice, Jody Wilson-Raybould, avait suggéré à son homologue québécoise, Stéphanie Vallée, d'emboîter le pas à Ottawa, en adoptant le ,05.

CONSCIENT DES EMBOUTEILLAGES

Le sondage récent qui montre que les embouteillages sont la principale cause de l'irritation des Montréalais envers l'administration Coderre ne « surprend pas » le ministre Fortin. « C'est quelque chose qui touche les gens au quotidien. Les Montréalais sont dans une situation particulière avec la croissance démographique importante combinée à des infrastructures vieillissantes. C'est une question de sécurité. Je veux m'assurer que lorsqu'on passe sous un viaduc à Montréal, les gens se sentent en sécurité. »

PLUS JAMAIS LE CAUCHEMAR DE L'A13

Trois cents automobilistes coincés sur l'autoroute 13 durant une tempête de neige ? « On prend les dispositions pour qu'un problème comme ça ne survienne plus jamais », laisse tomber le ministre Fortin. Après les bavures de l'hiver dernier, Transports Québec a opté pour « une repriorisation », mais ratera son objectif de faire en sorte qu'en deux ans, 50 % du réseau routier soit entretenu par des employés du Ministère, convient le ministre Fortin.

NOUVEAUX CHIENS DE GARDE

Depuis le rapport de Florent Gagné qui avait été très dur envers la gestion de Transports Québec et de la Sûreté du Québec lors de la tempête, on a créé un poste de « sous-ministre adjoint à la veille opérationnelle » au Ministère, un ancien membre des Forces armées qui a une vision totalement différente, observe M. Fortin. S'ajouteront aussi des « équipes en veilleuse » disponibles dans le Grand Montréal et à Québec pour venir en appui aux équipes du Ministère ou des entrepreneurs privés. Dans les deux Centres de gestion intégrée, de Québec et de Montréal, où on suit de près la situation sur les routes, on a ajouté des « chefs d'équipe », des employés présents 24 heures par jour, sept jours par semaine.