Le commissaire de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) Robert Lafrenière doit s'expliquer en commission parlementaire «afin de faire la lumière sur les événements survenus le 25 octobre dernier», c'est-à-dire l'arrestation par son équipe d'enquête du député Guy Ouellette.

Le Parti québécois (PQ) déposera mardi après-midi à la période de questions une motion en ce sens, appuyée par la Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec solidaire (QS), pour que Robert Lafrenière, Guy Ouellette et «toute autre personne que les membres de la commission jugeront pertinent d'entendre», comme l'ancienne analyste du ministère des Transports Annie Trudel, par exemple, soit convoquée et entendue cette semaine devant les groupes parlementaires à l'Assemblée nationale.   

«C'est l'intégrité de l'Assemblée nationale qui est en jeu», estime Pascal Bérubé, leader parlementaire de l'opposition officielle, qui ajoute que «chaque heure qui passe est déterminante pour la crédibilité de l'UPAC.» 

François Bonnardel, leader parlementaire de la CAQ, soutient également que Robert Lafrenière doit venir s'expliquer devant les parlementaires, alors qu'aucune accusation n'est toujours portée contre Guy Ouellette, plusieurs jours après son arrestation. 

«C'est un test de crédibilité important pour M. Lafrenière (...). Ce n'est pas banal d'arrêter un élu de l'Assemblée nationale», estime-t-il, jugeant que la crise qui secoue la scène politique québécoise ces jours-ci est «sans précédent». 

Du côté de QS, le député Amir Khadir a réitéré que son «ami Guy Ouellette doit savoir qu'il a toute notre oreille s'il veut bien parler de ce qu'il sait et qui dit [que ça dérange] des gens qui ne voudraient pas que ça se sache.»

Ouellette présent au parlement 

Le député libéral de Chomedey Guy Ouellette, qui présidait jusqu'à la semaine dernière la commission parlementaire chargée d'étudier le projet de loi visant à rendre l'UPAC un corps de police indépendant, est arrivé mardi matin à l'Assemblée nationale, où il souhaite prendre la parole peu après 14h devant ses collègues au Salon bleu. La Presse couvrira son allocution dans un article en direct.  

Passant en coup de vent sans accorder d'entrevues, il est allé au café de l'assemblée, où le député péquiste Pascal Bérubé s'est rendu pour le saluer avant de tenir un point de presse.

En entrevue au 98,5 FM plus tôt cette semaine, M. Ouellette a affirmé que le patron de l'UPAC Robert Lafrenière avait intimidé les élus pour que son mandat soit renouvelé. En point de presse lundi, son collègue Martin Coiteux, ministre de la Sécurité publique, a nié toutes formes d'intimidations. 

Selon l'ancienne analyste du ministère des Transports Annie Trudel, qui a parlé à Québecor, M. Ouellette s'apprêtait à dévoiler des liens entre l'UPAC, l'Autorité des marchés financiers (AMF) et une firme de consultants privés au moment où il a été arrêté par les policiers. Mme Trudel estime qu'il y aurait «collusion» entre ces trois organismes. L'AMF nie catégoriquement ces allégations.  

En point de presse lundi, le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux a annoncé que le projet de loi 107 visant à rendre l'UPAC un corps de police indépendant serait bonifié afin d'inclure des mesures de reddition de compte. 

Le PQ et la CAQ jugent cette annonce insuffisante et souhaitent toujours que la nomination du commissaire de l'UPAC relève désormais de l'Assemblée nationale par un vote au deux tiers.